Mercredi, 19h15: pour la 65e fois Cannes convie la planète cinéma sur son tapis rouge pour célébrer le 7e Art, ses gloires confirmées, celles de demain, les créateurs et l'industrie. Pendant douze jours, d'ici la proclamation du Palmarès dont la Palme d'Or, cette ville de 60.000 habitants sur la Riviera française verra défiler sur sa Croisette jusqu'à 80.000 cinéphiles, producteurs, promeneurs, curieux, badauds chasseurs d'autographes, jeunes gens en quête d'avenir qui tous viennent voir, se montrer, être vus. "Cannes, c'est la glorification du cinéma mondial", clame Gilles Jacob, président du Festival, qui accueille avant chaque projection officielle ses visiteurs du soir au haut des 24 marches au côté de Thierry Frémaux, délégué général chargé de la sélection officielle --une soixantaine de films dont 22 en compétition. Ils officieront cette année sous le visage inoubliable de Marilyn Monroe, choisi pour illustrer cette édition 50 ans après sa mort. Sous son regard tendre et ses lèvres en forme de baiser, Nicole Kidman, Brad Pitt, Tilda Swinton, Bruce Willis ou Marion Cotillard graviront le tapis rouge, ouvrant la voie à d'autres talents, plus confidentiels. Manière d'animer une Croisette encore paisible en matinée, l'humoriste britannique Sacha Baron Cohen (inoubliable "Borat") s'est chargé de semer la pagaille en baladant son dromadaire dans les plate-bandes et les boutiques chics, comme "The Dictator", son prochain rôle titre inspiré de l'ex-tyran irakien Saddam Hussein (sortie le 20 juin en France). Le président du jury, le cinéaste italien Nanni Moretti, devait donner une conférence de presse dans l'après-midi avec ses jurés, dont les acteurs Emmanuelle Devos et Ewan McGregor, le réalisateur Alexander Payne ou encore le couturier Jean Paul Gaultier, cinéphile avéré. Avec ses différentes sélections et ses 91 longs métrages (drames, rares comédies, dessins animés, documentaires, classiques restaurés), des leçons de cinéma, des dizaines de fêtes, la bulle cannoise aux rituels patinés est le début de la consécration pour tout auteur convié à s'y glisser. En sélection officielle et plus encore en compétition, un jeune talent gagne dix ans de carrière, son film fait le tour du monde et le financement du prochain est garanti: "Cannes, c'est l'accès à la notoriété rapide", résume Gilles Jacob. Parmi les films les plus attendus de cette cuvée 2012, "De Rouille et d'os" jeudi signe le retour de Jacques Audiard et celui de Marion Cotillard au cinéma français, celui d'Alain Resnais aussi qui, à presque 90 ans, livre un film-testament avec sa troupe réunie dans "Vous n'avez encore rien vu" (les acteurs français Pierre Arditi, Sabine Azema, Lambert Wilson...) L'appétit est vif pour deux adaptations littéraires: le mythe "Sur la Route" de Jack Kerouac par le Brésilien Walter Salles, avec un casting enchanteur (Kirsten Dunst, Kristen Stewart, Garret Hedlund, Sam Riley...) et "Cosmopolis" du Canadien David Cronenberg d'après Don DeLillo avec Robert Pattinson, amant "Twilight" de Mlle Stewart et son compagnon à la ville. Ils feront face à l'Iranien Abbas Kiarostami, l'Autrichien Michael Haneke, le Britannique Ken Loach et d'autres, adulés des cinéphiles quoique moins connus du grand public, tels l'Australien Andrew Dominik ou le Mexicain Carlos Reygadas. Mercredi sur la scène du Palais des Festivals, la fête commence avec le sourire de Bérénice Bejo, césarisée pour "The Artist" et la première projection de la compétition, la comédie "Moonrise Kingdom" de l'Américain Wes Anderson. Sorti en même temps sur les écrans français, cette joyeuse colonie avec Bruce Willis et Bill Murray ouvre le bal en technicolor et dans la joie.