A droite : du béton. A gauche : du béton. Devant, derrière : du béton. Il faut lever les yeux au ciel pour se rendre compte que tout n'est pas encore perdu. Le ciel est resté bleu. Quoique... Si l'homme avait trouvé le moyen de mettre du béton au-dessus, il l'aurait fait. Et puis, cela ne sera-t-il pas bientôt le cas lorsque le projet de métro sera réalisé. On lèvera les yeux dans la station et quoi : du béton. En attendant l'avènement fatidique du métro, il va falloir réinvestir les rues d'espaces verts. De chlorophylle. Plus qu'une simple politique de réaménagement du territoire, c'est une course vers le reboisement qui s'impose car au béton s'ajoute une population grandissante sur un espace de plus en plus réduit. Déjà certaines communes sont sans espaces verts ou sans forêt. En fait, sur les 57 communes que compte la wilaya d'Alger, seuls 100 espaces forestiers ont été recensés. C'est peu lorsque l'on considère que les espaces forestiers doivent représenter, au minimum, 25% de la superficie totale d'une ville. A Alger, ces espaces n'occupent que 10% de la superficie de la ville. Selon les services de la wilaya d'Alger, « pas moins de 300 hectares d'espaces forestiers ont été détruits depuis l'indépendance ». Les prairies algéroises, à titre d'exemple, qui s'étendaient sur 200 ha en 1995 ne dépassent pas aujourd'hui les 20 ha. Et c'est surtout entre 1995 et 1998 que le pire a été fait. Le béton, certes, est en cause puisqu'il s'est imposé par la construction anarchique de résidences individuelles, balayant jardins et terres agricoles. Mais également les actes de vandalisme et le manque d'entretien. Quel observateur n'a pas remarqué ces abords d'autoroutes qui font l'objet d'attention particulière des jardiniers de la wilaya. Pour un temps. Emplis d'œillets ou d'arbustes fleurissant au mois de mai, lorsque la saison printanière invite au ménage. Ou à l'arrivée d'une importante délégation d'hommes politiques étrangers. Fin juin, pour peu que la chaleur se soit lourdement installée, les œillets piquent du nez et les arbustes crient « à boire » aux automobilistes pressés. Exemple est donné du célèbre Jardin d'essais d'El Hamma et qui devait sa notoriété aux 6000 variétés de plantes en 1832. Il en compte aujourd'hui 1200. Selon les standards internationaux, une capitale de la superficie d'Alger devrait compter quelque 100 000 arbres répartis dans ses rues et boulevards. Selon les chiffres fournis par la wilaya d'Alger en 2005, le nombre actuel d'arbres ne dépasse pas les 30 000 pour une population de 2 562 428 habitants. Soit presque 100 habitants pour un arbre. Quand on sait que les arbres participent à la réduction de gaz carbonique, il va falloir faire la queue pour avoir sa dose d'oxygène.