Pourquoi ArcelorMittal est régulièrement en crise ? Parce que l'entreprise est le théâtre d'une guerre de leadership entre deux syndicalistes qui détiennent un pouvoir considérable au sein du complexe sidérurgique. D'un côté, Aïssa Menadi, secrétaire général sortant du syndicat de l'entreprise, élu député en 2007, puis battu en 2012 lors des dernières législatives du 10 mai, et de l'autre, Smaïn Kouadria, son ancien bras droit, qui lui a succédé à la tête du syndicat en 2009, élu cette année député sur la liste du Parti des travailleurs (PT), en bénéficiant du repêchage du Conseil constitutionnel. ArcelorMittal à Annaba, c'est combien d'emplois ? Le complexe sidérurgique compte 6200 emplois directs. Ce chiffre atteint les 10 000 travailleurs quand on comptabilise les emplois indirects. Pourquoi Aïssa Menadi a-t-il menacé les cadres étrangers ? En se faisant recaler à l'APN, Aïssa Menadi perdait son immunité parlementaire. Par ailleurs, il ne peut plus espérer un retour au sein d'ArcelorMittal, bloqué par son âge (60 ans) qui l'oblige à partir à la retraite. Il a donc décidé un passage en force en mettant la pression sur son employeur pour obtenir le statut de contractuel. Cette proposition permettrait à Menadi de s'emparer du syndicat et de mettre la main sur les juteux contrats passés par la compagnie avec les entreprises sous-traitantes. Quelles garanties pour le retour des expatriés ? Le départ de quinze expatriés, dont le directeur général Joe Kazadi, a déstabilisé l'encadrement de l'entreprise, contraignant le wali de Annaba à organiser en urgence un conseil de sécurité pour prendre les mesures nécessaires qui garantissent la sécurité des expatriés et faciliter leur retour. Que comprend le plan de développement promis par ArcelorMittal ? Le plan de développement, sur quatre ans, est destiné à moderniser toutes les unités du complexe, y compris la cokerie, dont la fermeture envisagée avait déclenché une grève des travailleurs. Ce plan prévoit aussi la réfection de la ligne ferroviaire reliant les sites miniers de l'Ouenza, à 160 km au sud de Annaba, et Boukhadra, à 20 km à l'est de Ouenza, au complexe sidérurgique d'El Hadjar. La visite qu'effectue actuellement le n°2 du groupe ArcelorMittal en Algérie doit permettre de mettre en place un cahier des charges pour démarrer ce plan d'investissement qui permettra à la compagnie de porter sa capacité de production à 1,4 million de tonnes/an, alors qu'elle n'est que de 700 000 tonnes actuellement. Pourquoi la BEA a racheté le crédit d'ArcelorMittal, détenu par Société Générale ? C'est l'histoire d'une petite vengeance déguisée. Historiquement la BEA était la banque attitrée du complexe sidérurgique d'El Hadjar, quand celui-ci était géré par le groupe Sider. Après le rachat du complexe par ArcelorMittal et l'arrivée du Français, Vincent Le Gouic, à la tête de la compagnie, la BEA a été supplantée par Société Générale. Lorsque la compagnie a été dans l'impossibilité de rembourser une dette de 120 millions contractée auprès de la banque française, la BEA s'est empressée de racheter celle-ci et de demander des garanties drastiques au géant de l'acier pour l'attribution d'une ligne de crédit de 14 milliards de dinars. La société est-elle solide financièrement ? Oui, si on considère que l'entreprise peut s'appuyer sur la maison mère du géant de l'acier, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 78 milliards de dollar en 2010. Non, si on prend en considération la conjugaison des facteurs saisonniers et des effets du ralentissement économique en Chine qui ont contraint l'aciériste à geler ses investissements dans le monde. Le projet d'ouverture du mégacomplexe sidérurgique à Jijel par Qatar Steel en 2016, menace-t-il ArcelorMittal ? Oui, car le nouveau complexe sidérurgique doit permettre une production de 4,8 millions de tonnes d'acier en utilisant les procédés les plus modernes, comme le système de «réduction directe» qui permet de multiplier par dix la production d'acier. L'arrivée des Qataris s'est faite sur l'insistance des plus hautes autorités algériennes pour assurer la consommation nationale annuelle qui avoisine les 5 millions de tonnes que le complexe sidérurgique d'El Hadjar (Annaba) n'est pas arrivé à satisfaire.