Le rythme de création d'emplois, notamment durables, est loin de permettre d'éponger un chômage encore important, admettent les responsables de l'administration locale. Sur 40808 demandes déposées en 2011 à l'agence de wilaya de l'emploi et ses antennes communales, seulement 4334 ont connu une suite favorable, soit un lamentable taux de recrutement de 10 %. Les chiffres communiqués par l'administration lors de la dernière session de l'APW laissent sceptiques quant à la résorption du chômage et le développement du secteur économique prônés par le discours officiel. Ils témoignent aussi de l'échec des différents dispositifs étatiques mis en place pour offrir des débouchés intéressants aux jeunes de la région. Un constat que ne semblent pas partager les responsables locaux en charge du secteur de l'emploi qui affirment : «Le bilan des réalisations pour la wilaya de Tizi Ouzou, tous dispositifs confondus, peut être qualifié de très encourageant et de positif», avant de nuancer: «Le rythme de création d'emplois, notamment durables, est loin de permettre d'éponger un chômage encore important». Selon l'état présenté, la demande théorique supplémentaire annuelle correspondant aux seuls diplômés de la formation universitaire et professionnelle dépasse les 10.000 emplois. Résultat : les placements sur le marché du travail se font au compte-gouttes. Les chômeurs insérés dans le cadre du dispositif DAIP au 31 décembre 2011 ne dépassent pas 5103 sur contrat CID, dont 3768 universitaires et 1335 techniciens supérieurs (TS). Le placement par créneau d'activité, durant la même année, se présente comme suit: secteur économique privé (5871), secteur économique public (211), secteur administratif (4429). Les permanisations enregistrées en DAIP ont atteint 2168 cas contre 1055 en 2010. Les dispositifs ANSEJ et CNAC s'embrouillent toujours dans de sempiternelles contraintes liées aux crédits bancaires démentant les bilans triomphalistes au sujet du supposé «boom» du soutien à la création de l'emploi. Durant l'année 2011, l'agence locale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej) a réceptionné 14606 dossiers dont 5354 ont été validés par le comité de sélection de validation et de financement des projets. Le nombre de projets finalisés et financés par les banques n'est que de 1627 ayant généré 3411 emplois. Le même constat vaut également pour la caisse d'assurance chômage (Cnac). Le bilan des activités de la wilaya fait état de 923 dossiers financés sur les 7109 réceptionnés durant l'année 2011. Des milliers de micro entreprises créées dans le cadre de ces deux dispositifs étatiques sont menacées de faillite, si l'Etat ne prend aucune mesure d'encadrement et d'accompagnement au profit de leurs promoteurs, avait alerté en janvier dernier le Forum des promoteurs des jeunes entrepreneurs de la wilaya de Tizi Ouzou. Marchés publics loin d'être à la portée des micro entreprises, marché de sous traitance escamoté par des spéculateurs, absence d'une étude sérieuse du marché du travail, défaillance notable des études techniques et économiques, absence d'accompagnement et d'information à quoi s'ajoute un harcèlement de la part des banques, sont, entre autres, les obstacles relevés par ces promoteurs qui demandent l'arbitrage de l'Etat pour surmonter leurs problèmes. D'autres programmes destinés à booster la dynamique de l'emploi dans la wilaya ont connu la même déroute. Il s'agit notamment du contrat de travail aidé (CTA) dont les bénéficiaires insérés butent sur le non renouvellement des contrats d'insertion CID et CIP dans le secteur économique. Idem pour le programme de paiement de la prime d'encouragement à la recherche de formation (jeunes 16 à 20 ans). Ce programme, dont l'objectif est la réhabilitation des métiers déficitaires sur le marché de l'emploi, n'a pu être lancé qu'à compter de janvier 2010 soit avec 2 années de retard. «L'Etat a déployé des efforts conséquents pour soutenir la création d'emplois et de micro-entreprises dans le cadre des différents dispositifs mis en place (Ansej-Cnac, Daif)», soutiennent les responsables de l'administration locale. Réplique des élus du RCD en plénière : Chômage galopant, conditions de vie intenables et protestations de rue à longueur d'année alors que 98 % des budgets alloués par les pouvoirs publics sont entre les mains de l'administration locale et 2 % seulement dans les caisses des communes. «Dans la wilaya de Tizi Ouzou, nous comptons 6 entreprises pour 1000 habitants. C'est le taux le plus faible dans notre pays dont la moyenne est de 12 à 13 PME/1000 habitants. Ils ne sont pas nombreux ceux qui reconnaissent qu'en plus des préoccupations communes aux Algériens en matière d'emploi, Tizi Ouzou compte 10.000 demandeurs d'emploi chaque année. A titre d'exemple, pour l'année 2010-2011, seuls 500 emplois ont été offerts à la jeunesse de notre région qui représente 75% de la population», a relevé le président de l'APW, Mahfoud Belabès, qui a réitéré l'urgence d'un plan spécifique de développement pour la wilaya de Tizi Ouzou.