Les responsables des mosquées de la région Rhône-Alpes, dont Kamel Kbtane pour la Grande mosquée de Lyon et Azzedine Gaci pour la mosquée de Villeurbanne jugent indigne l'agression de juifs. Lyon. De notre correspondant
Ils relèvent cependant un traitement inégal lorsqu'il s'agit de musulmans. Ne serait-ce pas un Conseil français du culte musulman-bis qui voit peu à peu le jour ? Nous nous posions la question dans ces colonnes, dans notre article rendant compte de la démarche visant à créer les conditions de la mise en place d'Assises de l'islam de France (El Watan, mardi 5 juin 2012). A Lyon, l'affaire de l'agression de juifs à Villeurbanne, il y a quelques jours, vérifie notre hypothèse. Une instance semble se mettre en place pour relayer une voix commune des musulmans, en dehors du CFCM. Un communiqué signé d'une nouvelle structure « Initiative citoyenne des musulmans de France», paraphé par la plupart des grandes mosquées de la région Rhône-Alpes réagit à ce fait divers qui a agité les médias français. Après le massacre de Toulouse attribué à Mohamed Merah, cette nouvelle attaque violente de juifs a soulevé l'indignation. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, oubliant sans doute les propos de son prédécesseur Claude Guéant, a aussitôt promis de nouvelles mesures de protection de la communauté juive. Le précédent ministre, lui, avait parlé de protéger juifs et musulmans, soumis aux attaques racistes. C'est ce que relève indirectement le texte d'Initiative citoyenne des musulmans de France (ICFM) sous le titre «Préservons le vivre-ensemble»: «Le 2 juin 2012, trois juifs villeurbannais portant des kippas ont été agressés par un groupe de jeunes qui, depuis, s'est rendu à la police et a été mis en examen pour certains. Cet acte odieux, largement médiatisé, a été unanimement et spontanément condamné par la classe politique, la société civile et les religieux dont les musulmans. Le 5 juin 2012, un jeune de 14 ans, s'est fait violemment agresser dans la rue à Villeurbanne parce qu'il était musulman. Mis à part quelques coupures de presse parues dans la presse locale, cet acte inadmissible est passé sous silence.» Après cette mise en parallèle, les signataires marquent leur désappointement : «Il nous apparaît insupportable qu'il puisse exister une inégalité de traitement dans ces deux événements. Il ne saurait y avoir de hiérarchisation quand on est agressé parce qu'on est juif, chrétien ou musulman. L'humanité ne se divise pas. La défense des valeurs de la république est à ce prix. Ce comportement regrettable qu'il soit le résultat d'une maladresse ou intentionnel ne fait que renforcer chez les citoyens français de confession musulmane le sentiment d'injustice dans le traitement médiatique et politique de certains événements condamnables.»