Alors que le président de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, souhaite le report des élections du CFCM prévues en juin, le président du Conseil régional Rhône-Alpes du culte musulman propose de les renvoyer après l'élection présidentielle de mai 2012. Lyon De notre correspondant Le Conseil français du culte musulman (CFCM) ne sera certainement pas renouvelé le 5 juin, comme prévu par les statuts de l'institution mise en place par Nicolas Sarkozy, alors qu'il était ministre de l'Intérieur en 2003. Conçue pour être une vitrine visible de la communauté musulmane en France, cette structure n'est pas à l'abri des jeux d'influences des fédérations d'associations cultuelles musulmanes qui cherchent à y avoir une prépondérance. Parmi celles-ci, la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris, présidée par le recteur, Dalil Boubakeur. En 2008, il avait boycotté le scrutin, laissant la présidence au président du Rassemblement des musulmans de France. Pour le renouvellement de 2011, le recteur pose des conditions à sa participation, dont «une réforme profonde et nécessaire en vue de corriger le déséquilibre du critère électoral fondé sur le nombre de mètres carrés des mosquées». Aussi, mercredi dernier, le recteur a demandé le report du vote par le biais d'un communiqué. Le vote après la résidentielle de 2012 ? En mars dernier, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) avait déjà menacé de boycotter. Au nombre de ses responsables, Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne, président du Conseil régional Rhône-Alpes du culte musulman, était prêt à rendre son mandat pour lequel il avait été réélu en 2008. Aujourd'hui, il maintient sa position. «Deux organisations de poids risquent de ne pas participer aux élections : l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) qui a annoncé son retrait et la Grande Mosquée de Paris (GMP) et demandé le report de ces élections. Si tel sera le cas, les élections du CFCM au niveau national et des CRCM au niveau régional n'auront aucun sens», nous a-t-il indiqué. Il soutient donc l'idée de «reporter les élections du CFCM après l'élection présidentielle prévue en mai 2012». Selon lui, il ne faudrait pas que «l'Islam se retrouve au cœur des débats dans les campagnes électorales à venir». «Cela étant dit, ajoute-t-il, le report de ces élections nous donnera l'occasion de nous pencher sérieusement sur le mode de scrutin.» Enfin, pour le mode de scrutin, il est urgent, selon Azzedine Gaci, de revoir la manière dont les musulmans sont appelés à élire les représentants au CFCM : «Le rayonnement, l'influence et les services qu'apporte une mosquée à la communauté musulmane n'ont souvent aucun rapport avec le nombre de mètres carrés dont elle dispose.» Pas de réaction du président du CFCM ni de l'administration Jusqu'au moment où nous écrivions ces lignes, le président actuel du CFCM, Mohammed Moussaoui, n'avait pas réagi. Sur le site officiel du Conseil, le dernier communiqué signé du président, jeudi soir, était sur un autre terrain. Il revenait à une situation bien régulière, hélas, regrettant et condamnant «avec la plus grande fermeté la profanation dont ont été victimes la mosquée et le Centre islamique de Reims dans la nuit de mercredi à jeudi 21 avril. La découverte d'une tête de porc devant l'une des portes vient s'ajouter à une longue série d'actes xénophobes à l'encontre de la communauté musulmane de Reims. Le CFCM exprime sa profonde inquiétude face à la recrudescence de ces actes de violence et de haine qui visent des lieux de prière et de recueillement. Leur nombre a plus que doublé en 2010, et le bilan du premier trimestre de 2011 n'est guère rassurant.» Enfin, le quotidien régional de Lyon Le Progrès rapporte que pour la tenue du scrutin, le ministère de l'Intérieur et des Cultes indique que c'est «au CFCM d'agir de façon autonome.» Mais le temps avant les élections se raccourcit de jour en jour, sans que la préparation ne prenne le pas sur la polémique.