Des familles ayant été expulsées de leurs logements et qui s'étaient abritées dans des baraques de fortune continuent de vivre le calvaire du côté de Salamandre. En effet, hébergées par la mairie de Mostaganem au niveau d'une école désaffectée, ces 6 familles avaient été rassurées quant à leur relogement dans un court délai. Mais voilà plus de 6 mois qu'elles attendent sans résultat, malgré les promesses. Le bâti plus que précaire qui leur sert de logement date de la période coloniale. Il s'agit d'une vieille école primaire désaffectée et de surcroît construite avec des matériaux peu recommandables, ce qui explique en grande partie sa désaffection. Il se trouve que, lors de la démolition du «Petit Théâtre» de la Salamandre, la sympathique troupe d'El Moudja, qui y avait élu domicile depuis plus de 25 ans, avait été contrainte d'emménager dans cette école. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les jeunes acteurs en herbe et leur encadrement avaient su trouver une nouvelle voie et de nouvelles ressources vers le salut. Mais voilà que depuis l'hiver dernier, la troupe se retrouve à composer avec des familles dont le seul souci est de se trouver un toit et vivre à l'abri du froid hivernal mais également des torrides chaleurs estivales. Leurs voisins d'infortune, vivant péniblement une promiscuité forcée, ne les aident pas à trouver la sérénité qui sied à tout travail intellectuel. Pour les familles, dont certaines sont entassées à trois par classe, leurs vieux meubles leur servant de cloisons de séparation, le plus pénible a été incontestablement la scolarité de leurs enfants. Ces derniers étant inscrits dans les écoles et collèges de leur ancien quartier, personne n'aura songé à leur faire changer d'établissement. Si bien que, pour la plupart des enfants scolarisés, rejoindre l'école était devenu un véritable parcours du combattant. L'un des cas les plus sensibles est sans doute cette quadragénaire ramenée là depuis plus de 20 mois et qui vit dans la hantise que sa fille de 20 ans ne soit un jour agressée par un des nombreux quidams qui rôdent autour de l'école. Déplacée depuis le quartier périphérique de Kharrouba où elle avait érigé une baraque de fortune pour elle et pour sa fille, elle attend, sans grand espoir, que ceux qui l'ont ramenée ici prennent enfin conscience que le calvaire de Kharrouba lui était beaucoup moins stressant que celui de Salamandre.