Il y a quelques années, c'était un hôpital psychiatrique « en folie » tant il se passait des choses contraires à l'esprit et à la lettre de tout ce qui touche à la prise en charge des malades. Depuis quelques mois, avec le changement de l'approche managériale, il s'est transformé en hôpital spécialisé de grande performance. « Bravo. Vous êtes dignes de la confiance que nous avons placée en vous », avait dit Amar Tou, ministre de la Santé à l'issue de la visite de travail qu'il y avait effectuée les 13 et 14 décembre 2005 à Annaba. Une appréciation que d'aucuns des membres de la délégation ministérielle avaient interprétée comme ayant valeur de symbole pour le jeune directeur. Elle confirme la réussite de la nouvelle élite administrative dans la gestion de cette structure médicale spécialisée. Durant des mois, cette élite avait exploré le versant développeur pour réhabiliter des services livrés à l'abandon les précédentes années. Pour ce faire, elle s'était assurée la bienveillance des médecins hospitalo-universitaire et le soutien de la majorité des effectifs paramédicaux consacrant dans les faits des dispositions de la réforme hospitalière. Une autre mentalité s'est ainsi mise en place où médecins, équipes de direction et autorités de tutelle trouvent leurs marques dans un nouvel équilibre de travail. Soucieuse de mettre un terme à l'anarchie qui y sévissait, la nouvelle direction s'est montrée très imaginative. Elle les a transformées en vraies sources de propositions pour l'élaboration des tableaux de bord spécifiques à chaque activité, allant dans le sens d'une meilleure prise en charge des malades. Le conseil médical et le staff de direction ont su conjuguer leurs efforts pour une réelle application des grands principes de la réforme hospitalière. Il en est ainsi de l'élaboration d'un schéma d'évaluation des besoins et des objectifs à atteindre, de la dotation en équipements médicaux et paramédicaux et de l'humanisation des services, de l'accueil et de l'orientation des malades et de leurs accompagnateurs. Le langage médical et technocratique a mis un terme à l'interminable feuilleton des scandales qui, les précédentes années, avaient secoué cet hôpital psychiatrique. Ce langage s'est transformé en outils indispensables au contrôle de la qualité de l'offre médicale. Hier, constitués d'un sérail compliqué, le personnel hospitalier s'est aisément plié aux nouvelles règles de gestion ordinaires. Cette réussite a mis un terme à plusieurs années de faits répréhensibles à l'origine de la condamnation à 6 mois de prison avec sursis d'un professeur chef de service convaincu de harcèlement. Les malades et leurs accompagnateurs ainsi que le corps médical, paramédical et administratif affirment qu'à l'hôpital Errazi de Annaba l'on a inventé la démocratie hospitalière à l'ombre de la réforme.