Sale temps pour les immigrés maghrébins qui vivent au nord de l'Italie. La campagne de racisme pernicieuse et démagogique portée en avant par l'extrême droite, depuis des années, semble avoir porté ses fruits, à en croire le comportement stupéfiant des habitants de la ville de Sassuolo. Il y a une semaine, un Marocain, en état d'ivresse, selon la version de la direction des Carabiniers de la ville de Sassuolo, située à Modene (Emilie Romagne), a été arrêté et sauvagement tabassé. Sans doute ce fait ne serait jamais parvenu à la connaissance de l'opinion publique italienne, si un autre immigré, qui avait assisté à la scène violente, n'avait eu la présence d'esprit de filmer les prouesses pugilistiques des trois carabiniers (deux en uniforme et un en civil) qui s'étaient défoulés sur le pauvre Marocain. Les images de la scène de passage à tabac de l'immigré par les représentants des forces de l'ordre ont été diffusées sur le site de l'association des Jeunes musulmans, et reprises par toutes les télévisions italiennes, suscitant un vif débat sur le comportement des militaires à l'égard des immigrés. Mais la mésaventure du Marocain, résidant légalement en Italie, survenue le 19 février dernier, semble avoir donné du poil de la bête aux xénophobes de la région, puisque deux jours après, deux Marocains en situation irrégulière, qui passaient dans la rue, ont été pris pour cible par des tirs provenant d'un fusil de chasse, qui heureusement les ont seulement blessés. Cet épisode a été dénoncé par les riverains d'origine maghrébine, qui y ont vu un clair avertissement pour tous les étrangers qui vivent dans le quartier. « On veut nous pousser à partir », a dit l'un d'eux, ajoutant : « Plusieurs vieux du quartier l'ont dit publiquement, qu'ils s'amuseraient à nous traquer, car à leur âge, ils ne risquaient rien. » Les habitants du quartier, avec à leur tête le maire de Sassuolo, Graziano Pattuzzi, pourtant de gauche, se sont immédiatement mobilisés face à l'alarmante dégradation de la situation sécuritaire, pour recueillir des centaines de signatures en signe de solidarité avec... les carabiniers.