Les professionnels du secteur des céréales en Algérie veulent se prendre en charge et donner à la filière un nouveau souffle. Réunis hier à Alger, à l'initiative du Comité interprofessionnel des céréales (CIC), agriculteurs, transformateurs, chercheurs et représentants des pouvoirs publics, à leur tête le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, ont tous insisté, d'abord, sur l'aspect stratégique et structurant que revêt cette filière. Ils ont appelé, ensuite, à une nouvelle forme d'organisation et une nouvelle approche à même de consolider les mesures déjà prises par les pouvoirs publics dans le cadre de la politique de sécurité alimentaire. Selon Mohamed Laïd Benamor, président du CIC et PDG du groupe portant le même nom, cette nouvelle approche est aujourd'hui d'autant plus urgente à cause de «l'insécurité alimentaire et des crises mondiales prolongées ces dernières années». L'Algérie, qui importe 60% de ses besoins alimentaires pour une facture de 5 milliards de dollars (en 2010), est appelée à développer sa filière céréalière pour «assurer sa sécurité alimentaire» mais aussi pour «limiter ses importations», a indiqué M. Benamor. Un défi qui ne saurait être relevé sans la levée, d'abord, des handicaps et des problèmes recensés par les professionnels du secteur et qui ont conduit, entre autres contre-performances, à des rendements ne dépassant pas les 17 quintaux de blé à l'hectare, alors que la moyenne dans les pays développés atteint les 70 q/ha. Le président du CIC n'a pas manqué d'appeler, à cet effet, à la création de pôles de performance avec l'objectif d'atteindre, dans les 10 prochaines années, un rendement céréalier de 30 q/ha pour le blé dur et 40 q/ha pour le blé tendre. Cet objectif est facilement atteignable, explique-t-il, «pour peu que tous les acteurs unissent leurs efforts et aillent vers une organisation efficiente». Le directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), Noureddine Kehal, a indiqué pour sa part que la production céréalière en Algérie ne cesse de s'améliorer, en quantité et en qualité, enregistrant, cette année, un deuxième record après celui de 2009, puisqu'il est attendu une récolte de 56 à 58 millions de quintaux de blé. «Nous avons une production qui couvrira nos besoins jusqu'au-delà de 2012. Donc, nous ne serons pas présents sur le marché international du blé dur et de l'orge jusqu'à la fin de 2012. Par contre, nous continuerons à importer le blé tendre», a affirmé le même responsable. Et d'ajouter que l'Algérie, parmi les premiers importateurs mondiaux de céréales, «a réduit les importations en prévision d'une bonne année céréalière qui va nous permettre de réviser à la baisse la facture alimentaire de moitié par rapport à 2011». A fin avril dernier, faut-il le rappeler, le pays a importé pour 400 millions de dollars de céréales, essentiellement du blé tendre, contre 800 millions de dollars à la même période de 2011. D'une valeur de 2 milliards de dollars, la récolte de cette année a été soutenue par un rendement à l'hectare en progression continue, passant de 8 à 18 quintaux à l'hectare. Cela suffit-il pour amorcer un début de baisse des importations ? De l'avis de Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), la diminution des importations passe d'abord par «le renforcement des connexions entre producteurs et transformateurs», d'autant que les potentialités des uns et des autres sont aujourd'hui considérables. Il en veut pour preuve le taux de croissance, estimé à 6%, que réalise le secteur agricole algérien. Mais paradoxalement, «le volume des importations a triplé en l'espace de 5 années et la population active agricole, estimée aujourd'hui à 13%, a diminué de près de la moitié en 4 années», a-t-il indiqué. Le ministre de l'Agriculture a appelé, de son côté, l'ensemble des intervenants dans la filière à «mettre fin aux faux problèmes, à se prendre en charge et à œuvrer pour la réalisation des objectifs tracés».