Les affaires et scandales au niveau des ligues remontent petit à petit en surface et témoignent du degré de pourrissement qui finira, tôt ou tard, par paralyser ces structures qui alimentent la trame de ce phénomène qu'est la corruption. L'émission «La 3e mi-temps» diffusée lundi soir sur Echourouk TV est revenue sur l'une de ces affaires qui a défrayé la chronique en fin de saison. Nasredine Baghdadi, dirigeant de l'Académie de Larba, ancien membre du bureau fédéral à l'époque de Mohamed Diabi, invité de l'émission, a tiré à boulets rouges sur ceux qui gèrent les Ligues et a évoqué au passage l'affaire Ras El Oued (ROC), club d'interrégions, dont 12 joueurs ont été signalés sur la feuille de match ROC-NRBachir pour «agression (6 joueurs) et tentative d'agression (6 joueurs) sur le trio arbitral». Dans cette affaire, la Ligue interrégions (LIRF) a bafoué les règlements en désavouant l'arbitre d'abord, et en blanchissant, ensuite, 9 des 12 joueurs signalés. La commission juridictionnelle a commis un grave précédent. Elle l'a payé rubis sur l'ongle. La Fédération a tout de suite après prononcé sa dissolution. Qu'indiquent les règlements dans pareil cas ? Il faut, d'abord, et impérativement tenir compte uniquement de ce qui est contenu sur la feuille de match. Celle-ci est opposable à tous. Mieux encore, le 17 avril 2012, la FAF a adressé une instruction aux arbitres et aux Ligues pour leur rappeler que dans le cadre de leur mission, les commissions juridictionnelles ne doivent tenir compte que du rapport de l'arbitre. La LIRF a violé cette instruction en «graciant» 9 des 12 joueurs signalés sur la feuille de match. Ensuite, la commission juridictionnelle a franchi un autre pas dans l'escalade de la violation de la réglementation en demandant à l'arbitre directeur de changer son rapport, et ce, en présence du président de la LIRF, comme l'indique le passage consacré à cette affaire publié sur le bulletin officiel de la ligue. En assistant à la réunion de la commission juridictionnelle, le président Mohamed Boukaroum a gravement enfreint les règlements et usages. L'arbitre, inflexible, a catégoriquement refusé de refaire son rapport et de se soumettre au diktat de ceux qui avilissent le football par leurs pratiques aux antipodes des valeurs de ce sport. Il a saisi, par écrit, le président de la commission fédérale des arbitres (CFA), Belaïd Lacarne, pour l'informer du chantage dont il a fait l'objet à la LIRF. Il faut dire que cette Ligue n'est pas à son premier scandale. Il y a 3 ans, dans une affaire identique qu'elle a traitée, elle s'est «réfugiée» derrière le principe cardinal de «la feuille de match et le rapport de l'arbitre sont opposables à tous». 3 ans plus tard, dans une affaire similaire, elle «pond» un autre «verdict». Toute honte bue, elle continue de bafouer tout sur son passage. Le pire est à venir. En déjugeant l'arbitre directeur et en foulant l'instruction de la FAF ainsi que les règlements, elle a ouvert la voie à une jurisprudence qui, demain, absoudra tous les agresseurs d'arbitres au motif que la LIRF a désavoué un arbitre victime d'agression. Bien sûr, la complicité des prétendus représentants du corps arbitral, officiels et officieux qui ont couvert cette infamie par le silence. Le président de la CFA, Belaïd Lacarne, ne devrait il pas réagir ? Où faut-il, comme le suggérèrent certains, suspendre le courageux jeune arbitre de Tizi Ouzou parce qu'il a accompli son devoir et continuer éternellement à fermer les yeux sur les arbitres corrompus et pourris qui bénéficient de la protection sous laquelle la corruption prospère ? Sous d'autres cieux, les responsables de Ligue rentrent chez eux pour moins que cela. Chez nous, ils alimentent et couvrent la corruption, les affaires et les scandales sans le moindre remords. C'est toute la tragédie du football algérien. Les pourris sont identifiés et jamais inquiétés. C'est le propre du système algérien. La LIRF et bien d'autres Ligues sont ses plus beaux fleurons.