Les élèves du lycée international d'Alger ont recueilli, dans un livre-hommage, la mémoire des soldats algériens ayant endossé l'uniforme français lors de la Seconde Guerre mondiale. L'ouvrage retrace, à travers des témoignages, des photos et des documents d'archives, l'histoire reliant les deux pays. «Cette page d'histoire, qui a vu plus de 150 000 soldats algériens participer, aux côtés de leurs frères d'armes français, originaires d'Afrique du Nord ou membres des Forces françaises libres, au combat contre le nazisme, a été trop souvent occultée par les événements tragiques qui lui ont succédé», écrit l'ambassadeur de France, André Parant, dans sa préface. Soixante-dix ans plus tard, les combattants algériens narrent, avec précision, leur épopée lors du débarquement de Provence. «Les Allemands tiraient et nous, nous avancions, raconte Messaoud Toumi. On tombait comme des mouches. Un tombait là et l'autre là-bas et on continuait de foncer. Et on a foncé dans la forêt et il y a eu l'armistice et ils ont disparu. Eh oui, les Allemands tiraient et les gens tombaient comme des mouches. J'étais tirailleur.» Récemment, le gouvernement français a mis fin aux inégalités de traitement des combattants issus de ses anciennes colonies. Plusieurs «héros» de la guerre ont été décorés lors de la commémoration du 60e anniversaire du débarquement de Provence, le 13 août 2004, en présence du président Bouteflika. «C'est pénible, entre la France et l'Algérie, c'est l'histoire, vous voyez. Le destin, c'est le destin, mais l'amitié restera toujours», souligne Mohamed Oukaour, ayant quitté l'armée française en 1963 avec le grade de lieutenant. Il a continué sa carrière militaire dans l'armée algérienne, où il accédera au grade de commandant. Dans son allocution d'ouverture, le 19 juin, lors de la cérémonie de présentation du projet pédagogique du lycée international, l'un des représentants de l'ambassade de France affirmait que cet ouvrage venait en complément à un célèbre film – «que vous avez tous vu», a-t-il dit – dont il n'osera pas prononcer le nom : Indigènes.