Quelque 2,7 millions de Libyens sur une population de 6 millions sont appelés, samedi, à se rendre aux urnes pour élire une Assemblée constituante, une première en Libye après plus de quarante ans de dictature. Les Libyens sont appelés à élire les 200 membres du premier Congrès général national libyen qui devront choisir un nouveau gouvernement et nommer un comité d'experts chargés de rédiger un projet de Constitution, soumis ensuite à référendum. Aucune date n'a été avancée pour l'annonce des résultats. Mais une fois que la nouvelle Assemblée aura tenu sa première session, le Conseil national de transition (CNT), qui dirige la Libye depuis la chute du régime d'El Gueddafi, doit démissionner. Le scrutin, prévu initialement le 19 juin dernier , conformément à un calendrier fixé par le CNT, a été retardé pour des raisons techniques et logistiques, selon la commission électorale. Plus de 4000 candidats individuels ou inscrits sur des listes de mouvements politiques ont soumis leur candidature. Mais après vérification, seuls 2501 candidats indépendants et 1206 postulants de groupes politiques ont été déclarés éligibles par la commission électorale. Le pays a été divisé en 72 circonscriptions. Dans certaines régions, les électeurs doivent choisir un parti politique et un candidat individuel, et dans d'autres, ils auront seulement à choisir l'un ou l'autre. A noter que 629 femmes ont présenté leurs candidatures. Elles sont bien représentées sur les listes des partis, qui alternent les candidats masculins et féminins, mais ne représentent que 3,4% de candidats individuels. Cent vingt sièges ont été réservés aux candidats indépendants, et les 80 restants aux mouvements politiques, pour éviter, selon les autorités, qu'un parti ne domine l'Assemblée. Durant la campagne électorale qui doit se clore aujourd'hui, sur les 142 entités politiques participant aux élections, trois formations sortent du lot : les islamistes du Parti de la justice et de la construction (PJC) issu du mouvement des Frères musulmans, et d'Al Watan, de l'ex-chef militaire controversé de Tripoli, Abdelhakim Belhaj, et les libéraux réunis pour les élections dans une coalition lancée par l'ex-Premier ministre du CNT pendant la révolte, Mahmoud Jibril. Le CNT a décidé la répartition des sièges selon des considérations démographiques. Ainsi, 100 sièges iront à l'Ouest qui compte le plus grand nombre d'habitants, tandis que l'Est aura 60 sièges et le Sud désertique 40. Sous la pression, le CNT avait décidé que le vote à l'Assemblée se ferait à la majorité des deux tiers, pour que la région Ouest ne puisse pas faire passer une décision sans l'approbation des autres régions. Mais les fédéralistes réclament une «répartition équitable» des sièges de l'Assemblée et ont menacé de boycotter et de saboter le processus, si leurs revendications ne sont pas prises en compte. Ils ont ainsi saccagé ces derniers jours des centres de vote à l'Est, notamment à Benghazi. Face à ces menaces, des craintes ont été formulées ces derniers jours quant à la capacité des autorités de garantir la sécurité des élections dans un pays où pullulent les armes et des milices lourdement armées.