Pour sa 17e édition, cinquantième anniversaire de l'indépendance oblige, le Festival Les Suds à Arles est à l'écoute des Suds «rebelles et pluriels», estime la directrice du festival, Marie-José Justamond l L'Algérie sera à l'honneur avec Zebda, Houria Aïchi et El Gusto. Arles De notre envoyé spécial Pour les Suds, le moment phare de la rencontre autour des musiques du monde sera le concert d'El Gusto, le 13 juillet. Ce grand orchestre, d'une vingtaine de musiciens arabes et juifs, se retrouve des décennies après les événements liés à l'indépendance de l'Algérie. Sur scène comme dans le film qui leur a été consacré, ils célèbrent leurs retrouvailles. On ne le présente plus vraiment tant, depuis quelques années, ils ont créé l'envie de fête que représente leur musique. Ce sont les vieux maîtres du chaâbi, compagnons de rangs de la première école de musique, de ce genre musical, fondée par Hadj El Anka, que Safinez Bousbia, jeune Algéro-Irlandaise, a réunis depuis quelques années et qui feront plusieurs dates cet été en France. Les répétitions ont eu lieu à Alger à la fin juin. Bien sûr, le festival programmera aussi le film, dont les producteurs annoncent qu'il a enfin reçu le visa pour être programmé en Algérie. Deux autres instantanés tourneront aussi autour de l'Algérie avec d'abord le lundi de Mediapart (site d'info en ligne) avec Edwy Plenel son directeur, et dans le cadre du Forum Attac, Brigitte Benkemoun et Pierre Daum autour des Français qui ont choisi de rester en Algérie après 1962. Enfin, en première partie d'El Gusto, on applaudira Houria Aïchi au théâtre antique, joyau d'Arles, capitale de l'art romain avec aussi ses impressionnantes arènes récemment rafraîchies. Elle présentera son nouveau spectacle qui rend hommage aux grandes voix féminines algériennes. Du raï de Cheikha Rimitti au asri algérois de Meriem Fekkaï, des voix kabyles de Chérifa ou Djura aux légendaires aurésiennes Zoulikha ou Beggar Hadda : «Beaucoup d'entre elles ont dû quitter ou rompre, contre leur gré, avec leur famille. Outre l'admiration que je leur porte, je dois dire que j'ai été sensible au fait que, par leur persévérance dans le chant, elles aient fait bouger les lignes», confie Houria. Le flamenco andalou et hindou Avant cela, passage par l'Algérie moderne et l'immigration actuelle avec le concert, hier, le 10 juillet, de Zebda, le groupe toulousain qui s'est reformé après quelques années de séparation. Le 14 juillet, déplacement sur les rives du Nil avec Mawawil, inédit en France. Autour de Gamalet, grande dame du chant, ces musiciens interprètent le mawwil, un style musical connu en Egypte depuis le XVIe siècle. A partir d'une poésie savante que s'est réapproprié le monde rural, ces récits chantés ou déclamés en dialectes se font l'écho de la vie des paysans et des traditions : chants d'amour ou de noces, récits de saints ou louanges au prophète… Nous étions dans l'arabo-andalou avec El Gusto, on y sera encore avec un des moments qui s'annoncent émouvants. Demain, le 12 juillet, la soirée sera flamenco, mais pas n'importe lequel. Après un pur jus espagnol, Arcangel, qui vient d'Andalousie, ce sera Anoushka Shankar (fille de Ravi Shankar et demi-sœur de Norah Jones), qui célèbrera les noces du raga et du flamenco ! Elle crée un lien subtil entre traditions hindoustanies et flamenca, réussissant le pari d'un dialogue spirituel. Pour ceux qui passent des vacances dans le sud français, un détour par Arles s'impose.