La très singulière et pathétique Houria Aïchi était en concert le 19 novembre dernier au Festival " Voix de femmes " à Bruxelles, où s'était distinguée la première fois, quelques années plutôt, sa cadette, Souad Massi. La chaouïa s'est faite remarquer dans ce festival qui fête cette année ses 20 ans d'existence qui correspond à sa 10e édition, et qui est orienté multiculturel tant dans son esprit que dans sa programmation. Ce rendez-vous auquel sont régulièrement conviées nos chanteuses, détient aussi des espaces pour nos cinéastes et autres artistes femmes, parce qu'il a comme mérite de mêler les genres. Sa thématique principale ce sont les cultures en résistance, avec en leur centre la voix des femmes comprise à la fois comme médiatrice et métaphore de la diversité culturelle. Le 14 avril, elle est prise pour un nouveau spectacle non moins important, celui de "N'ssa ", une sorte d'hommage aux Chanteuses d'Algérie qu'elle rendra dans la ville de Marseille au Théâtre Toursky. Le 03 juillet dernier, celle qui a fait porter la voix des Aurès jusqu'au fin fond du monde, était en concert au Carré des Arts en France. Ce spectacle était très attendu dans l'Hexagone, à l'ère des protestas arabes. Houria Aïchi était visible le 28 mai dernier au théâtre Couvert de Chateauvallon, le 21 avril 2011 elle animait un concert à la Fnac de Nice … bref, depuis le début de l'année, elle n'a pas arrêté. Parcourant le monde entier, de festival en festival, elle révèle aux publics la réelle authenticité de la poésie chantée de l'Aurès et prête également sa voix au répertoire sacré de l'Algérie. Autour de l'univers acoustique créé par Grégory Dargent, elle associe l'ancien et le moderne à travers le traitement d'archives sonore. La pur-sang des Aurès, Houria Aïchi, qui a signé, en hiver 2008, un opus résolument authentique, " Les Cavaliers de l'Aurès", s'était produite en 2009 à guichet fermé, à la salle Ibn Zeidoun de Riadh El Feth, sur invitation du Centre culturel français d'Alger (CCF). Inséparable de son bendir séculaire en peau de mouton, Houria Aïchi qui est née dans les montagnes berbères, aux portes du Sahara algérien, dans un univers typiquement lyrique. Sa grand-mère autant que sa mère chantaient. La chanteuse signait en 2008 un succulent opus qui s'intitule, "Les Cavaliers de l'Aurès ". Et si elle a titré ainsi son album, ce n'était pas un hasard. Il se trouve que dans la région des Ouleds Naïl, il existe un proverbe qui reflète l'esprit de la contrée natale de la chanteuse : " Aimez les chevaux, soignez-les, par eux l'honneur et par eux la beauté. " La chanteuse, célèbre l'universalité des règles de la chevalerie, de la bravoure, de l'amour, prônées par ces princes cavaliers, les Raâyan el khil qui ont marqué son enfance. Connue aussi bien du public français qu'algérien, Houria Aïchi, la chaouïa a débuté toute seule avec son tambour et sa flûte de roseau ; elle s'est vite montrée soucieuse de faire bouger les formes traditionnelles tout en restant fidèle aux bases profondes de sa culture. Elle chante sa terre natale en adaptant au temps présent, les chants populaires des paysans de l'Aurès. Des séquences de vie tout en lyrisme Houria Aïchi, rendue célèbre pour son interprétation des chants de l'Aurès, revisite aujourd'hui le répertoire sacré de l'Algérie. Elle a collecté ici et là, des joyaux populaires qui racontent saints et rites rythmant le quotidien. L'écrin musical tissé par le compositeur Henri Agnel en fait resplendir leur force et leur beauté. Née au pied du massif des Aurès dans le nord-est algérien, Houria Aïchi, qui vit en France depuis près de trente ans, perpétue une tradition de poésie populaire chantée, héritée de sa grand-mère. Dans sa famille et depuis au moins trois générations, les femmes sont de grandes solistes qu'on appelle pour chanter lors des cérémonies familiales. Qu'elle reprenne une tradition ancienne de chants à cappella ou des pièces pour danser, Houria Aïchi anime un répertoire où des poèmes d'amour côtoient des chants d'exil, des chants de travail, des berceuses et, pour son ancien album Khalwa, des chants sacrés d'Algérie. Découverte à Paris en 1984, elle entame très vite une tournée internationale. En 1990, Bernardo Bertolucci la choisit pour la bande sonore de son film " Un thé au Sahara " et l'année suivante, après un récital au Théâtre de la Ville à Paris, elle enregistre un chant sur une musique d'Arthur Honnegger, en compagnie du musicien japonais Ryuichi Sakamoto. Avec une percussion qu'elle frappe à la main (bendir) et la complicité de la flûte traditionnelle (gasba) du virtuose Saïd Akhelfi, Houria Aïchi célèbre la force d'une tradition qu'elle s'attache à faire partager à Paris, New York, Montréal, Bruxelles, Barcelone, Fès et Alger. On notera en particulier sa participation aux concerts " Voix de femmes pour la paix ", à l'initiative de Yehudi Menuhin, aux côtés, notamment de la Sud-Africaine, Miriam Makeba ; de la Bolivienne Luzmila Carpio, de la Grecque Angélique Ionatos et de l'Israélienne, Noa. En plus de ses récitals où elle est généralement accompagnée à la gasba (flûte), Houria Aïchi est apparue entre 2005 et 2007 à la faveur d'une aventure musicale imaginée par le saxophoniste et compositeur Jean-Marc Padovani. Baptisé, Cantilènes, oratorio jazz, le spectacle réunissait cinq musiciens face à " trois vocalistes d'identités fortes et de traditions musicales différentes " : l'Algérienne, Houria Aïchi ; la Brésilienne, Monica Passos et la Macédonienne, Maja Pavlovska. N'est-ce pas que le talent c'est la force de sortir un rythme de son ghetto ?