Le phénomène que certains spécialistes imputent à la prolifération des algues aquatiques suscite de vives inquiétudes. Des agriculteurs activant dans le pourtour du barrage de Béni Haroun ont fait part à l'association de protection et de sauvegarde de l'environnement Nour Béni Haroun de la mort de milliers de poissons, découverts sur les rives de l'ouvrage. La rumeur est vite battue en brèche par l'Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT). Son premier responsable, Azeddine Lemanaâ, récuse toute possibilité de contamination du lac pouvant causé le massacre de la faune aquatique. Selon lui, la spéculation sur la mort en masse de poissons, qui a pris des allures alarmistes, ces trois derniers jours, remonte en vérité à quelques années. Depuis exactement l'octroi de concessions aux exploitants activant dans le cadre de la pêche continentale. «Il ne s'agit ni plus ni moins que de dépôt sur les berges du barrage de reliquats de poisson invendu par les intervenants pratiquant la pêche illicite», martèle notre interlocuteur. «Une équipe d'exploitation de l'ANBT et le directeur de la santé se sont néanmoins déplacés sur les lieux. Une brigade d'intervention et de protection du barrage est également à pied d'œuvre. Nous avons certes détecté une dizaine de carpes mortes au lieudit Selasel (en allant vers Constantine) et Kikaya (côté Mila), mais elles ne présentaient aucun signe de pollution apparent», affirme Azeddine Lemanaâ. Et d'ajouter: «Poussant les investigations, nous avons fait appel à l'Agence nationale des ressources hydriques (ANRH) de Constantine pour des prélèvements et des analyses bactériologiques pour intervenir s'il y a problème de contamination». Les autorités en charge de cette problématique sont sur le qui-vive. Et pour preuve, un cadre de l'hydraulique confirme que pas plus tard que mardi passé, la commission de wilaya des installations classées s'est déplacée sur site pour dresser un état des lieux. Des échantillons de poisson et d'eau ont été prélevés et sont au niveau du laboratoire de la Gendarmerie nationale. Un spécialiste en la matière impute le phénomène à la prolifération des algues aquatiques. S'agit-il enfin de déversement d'insecticides en usage à grande échelle chez les agriculteurs qui foisonnent tout autour du périmètre aquatique ? Rien n'est moins sûr. En tout état de cause, les résultats des enquêtes en cours ne manqueront certainement pas de lever le voile sur cette affaire qui enfle. Il y a lieu de rappeler que le même phénomène s'est produit, il y a quelques temps, au barrage Grouz de Oued Athmania. La commission constituée alors, à cet effet, n'a conclu à aucune contamination de l'infrastructure hydraulique.