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Cinéma amazigh : «Idim d wadrim», une production de Idir Saoudi
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Publié dans El Watan le 16 - 07 - 2012

Ce produit réalisé par Idir Saoudi, un jeune cinéaste autodidacte, originaire de Aïn El Hammam, a été projeté dernièrement pour la première fois devant la presse et de nombreux invités dans une salle du restaurant Houamdi, à la Nouvelle Ville (Tizi Ouzou).
Outre des journalistes de la presse écrite et de la radio basés dans la région, de nombreux chanteurs (Lounes Kheloui, Akli D., Yasmina…) ont visionné ce film, avant d'en débattre ensuite à bâtons rompus dans toutes ses étapes. Par cette projection, Idir Saoudi, dont c'est le premier long métrage du genre policier, d'une durée de 1h30, visait à susciter une «critique objective en vue de revoir, éventuellement, ma copie aux prochaines réalisations, comme j'envisageais de le faire depuis mon enfance», dira le jeune auteur (28 ans). Idir Saoudi indique qu'il a réalisé ce produit avec ses propres moyens, en compagnie d'un groupe d'acteurs-comédiens qui, malgré leur jeunesse, semblaient dans les images, du moins, avoir excellé depuis longtemps dans le 7e art.
Ce film se veut, selon le réalisateur, une sorte de prévention et d'avertissement aussi quant au risque de voir un jour, notamment en Kabylie, le trafic d'organes proliférer, avec la pauvreté qui menace sans cesse et progresse dangereusement à travers tout le pays. Notre réalisateur explique que son choix de la Kabylie pour tourner son film vient du fait que dans cette région existent des endroits trop isolés constituant des terrains propices à la faune sans foi ni loi, poussée par la soif du luxe, de l'argent ou par des opportunités, à commettre ce genre d'actes. Il relèvera, comme il tente de le démontrer dans son film, que les victimes d'enlèvements sont souvent des jeunes filles ou des garçons livrés à eux-mêmes. Il cite l'exemple de l'adolescente originaire de Chaïeb (Mekla), tuée vers la mi-mai 2011 et dont le corps mutilé, démembré et vidé de certains organes, a été retrouvé dans un oued, à des dizaines de kilomètres hors de sa région natale.
Même s'il n'y a pas péril en la demeure concernant l'Algérie à propos de ce phénomène, sévissant peut-être un peu sérieusement dans certains pays d'Asie ou d'Amérique du Sud, le jeune Saoudi avoue être sensiblement touché en suivant fréquemment des comptes rendus de la presse écrite traitant de ce sujet dans notre pays, d'où son choix pour ce thème. Voulant certainement donner à son film un style à l'américaine en utilisant dans le tournage de rutilantes voitures noires, une couleur très convoitée dans la région pour des autos de luxe, ainsi que des sites étendus où existent des pistes poussiéreuses pour marier les images aux scènes vues dans les longs métrages hollywoodiens, le spectateur est aussitôt trahi par la réalité de la chose : le «cynisme» que voulait adapter le réalisateur sur les personnages du père et de sa fille soudoyant, puis contraignant le «pauvre» jeune homme à marcher dans leur combine de rapt d'enfants afin d'acquérir plus de gains, manque en force de conviction ; les scènes où apparaît moins d'assurance chez les acteurs, nous semble-t-il, donnent une sorte d'aspect factice aux images. Il reste que le sujet en lui-même est d'actualité en ces moments très difficiles pour d'importantes couches sociales de la population algérienne.
De plus, même si le sujet est tabou dans nos médias, force est de reconnaître que souvent des gens (jeunes et moins jeunes) se présentent dans des bureaux de quotidiens nationaux d'information, à Tizi Ouzou du moins, pour tenter de faire publier des SOS, à défaut d'une «publicité non monnayée», proposant la vente qui… de son rein, qui d'une partie de son poumon ou de son foie, afin de tirer sa famille, avec un minimum de dignité, du désarroi, de la pauvreté. Une réalité certes amère, mais moult fois rencontrée dans la région. C'est dire que cette première expérience de Idir Saoudi est en soi une réussite, pour peu que le style des acteurs incarnerait, dans ses futurs produits, le vrai visage de la société dont tout produit traiterait.


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