L'avant-première d'Alger demain, les films a eu lieu jeudi dernier à la Cinémathèque d'Alger. Les projections sont l'initiative de la toute jeune et non moins ambitieuse boîte de production Thala Films qui a présenté les courts métrages réalisés par les lauréats du concours d'écriture de scénarios organisé via Facebook. En effet, en donnant l'opportunité à des jeunes réalisateurs de s'exprimer à travers cet exercice délicat qu'est le court métrage, les producteurs ont voulu faire état de la diversité des styles, des visions et de l'esthétique au sein de la nouvelle génération. Ainsi, le public a pu apprécier quatre courts métrages d'une durée de dix minutes chacun : Un jour à Alger de Raouf Benia, Procrastination d'Etienne Kaleb, Demain Alger ? d'Amin Sidi-Boumediene et Un homme face au miroir de Zakaria Saïdani. D'emblée, on peut dire que si les styles diffèrent, la qualité des œuvres aussi.Raouf Benia nous propose une vision binaire et quelque peu naïve d'une modernité urbaine cantonnée aux seuls rêves de résolution du problème du métro d'Alger, à l'accession d'un jeune entrepreneur à une réussite toute matérielle, occidentale dirons-nous. A l'heure de la crise de civilisation que connaît le monde, il est dommage de voir autant de clichés traverser les scènes du film. A moins qu'il ne s'agisse d'une caricature et, dans ce cas là, elle est réussie.Etienne Kaleb, quant à lui, a choisi de filmer les hantises d'un amoureux transi. Si le sujet peut paraître banal, le réalisateur réussit à le transcender par un subtil travail de l'image. Les plans se répétant, se modifiant légèrement au fil des dialogues, visant à plonger le spectateur dans une ambiance de véritable drame psychologique fait de non-dits, de fantasmes et d'hésitations. A tel point que nous finissons par partager les procrastinations de l'acteur.Demain Alger ? d'Amin Sidi-Boumediene se démarque des autres courts métrages proposés. L'histoire de trois amis réunis autour du départ pour la France d'un quatrième. La force de cette réalisation réside d'abord dans les dialogues. Le parler populaire des acteurs, excellemment mis au service d'une violence contenue, du déchirement face à la séparation. Avec en prime, un arrière-plan historique - que nous ne dévoilerons pas - qui donne à ce court métrage une efficacité, un sens du tragique, qui n'a pas manqué de provoquer une ovation dans la salle.Enfin, Un homme face au miroir de Zakaria Saïdani est une œuvre parfois suresthétisée sur le thème de la folie, mais où la bonne volonté et l'originalité de la vision sont un gage d'un avenir cinématographique sans doute prometteur. F. B.