Stéphane Robion, en charge de la direction du Novotel Constantine, nous parle de l'ouverture du premier Novotel en Algérie. Un entretien qu'il a bien voulu nous accorder lors de l'eductour qui a été organisé par l'ONT à l'occasion de la Journée nationale du tourisme. -Comment est perçue l'ouverture d'un Novotel à Constantine ? L'ouverture du premier Novotel en Algérie est perçue comme un événement particulier. C'est toujours le cas quand on ouvre une marque internationale dans un pays. Djilali Mehri était très attaché à développer les marques du groupe Accor aussi à l'est du pays après avoir investi à Oran et Tlemcen. Il a également voulu avec le groupe Accor s'installer à Constantine, qui non seulement est la capitale de l'Est, mais reste un centre de passage névralgique sur le plan économique.Sieha, une entreprise créée avec le groupe Accor pour la réalisation des hôtels Novotel et Ibis a une prévision de 25 à 30 hôtels en Algérie à réaliser dans les 10 prochaines années. Il va y avoir un développement très important dans les années à venir : un hôtel à Skikda, à Jijel et Béjaïa. Une trentaine de millions d'euros est le coût d'investissement des deux hôtels (Novotel et Ibis Constantine). Il a pris 6 ans pour être construit, ce qui est relativement un peu long puisqu'en moyenne un hôtel est livré en 3 ans. Le prochain sera à Sétif. Les travaux ont commencé. -Quelles seront les retombées d'une telle ouverture ? C'est bien que des hôtels de cette classe arrivent, cela va être bénéfique pour la région et obliger l'hôtellerie existante à rehausser son niveau et permettra de développer des métiers avec une vision plus internationale. C'est également bénéfique pour tout le pays. En effet, en Algérie, il y a un manque de chambres et de lits et une grande chaîne internationale comme Accor associée avec un grand groupe algérien peut contribuer à résorber le déficit. Une ville comme Constantine est aujourd'hui représentée dans tous les bureaux de vente du groupe Accor dans le monde. -Quel est le profil de votre clientèle ? Aujourd'hui, sur le plan marketing, on n'a pas trop le choix, on cible une clientèle affaire qui est la clientèle naturelle de l'hôtellerie en Algérie. Il y a une petite part de tourisme qui représente entre 10% à 20 % de notre activité dans le meilleur des cas. -Le prix reste quand même un peu cher ? Il faut penser le prix toujours par rapport à un service offert.Vous pouvez avoir un hôtel à 1000 DA la nuit, et un autre à 50 000 DA, la seule différence c'est que ce que l'on offre sera complètement différent. On n'est pas là pour faire monter ou baisser les prix, on est là pour offrir un produit avec le service au plus juste prix possible. Aujourd'hui par exemple, l'hôtel Cirta affiche ses chambres au même prix que Ibis. Pourtant, il y a un écart de prestation. Au même prix, on offre une qualité supérieure, même si je respecte Cirta et sa longue histoire dans l'hôtellerie algérienne. -Allez-vous participer à la promotion du tourisme ? La promotion touristique commence au niveau de l'Etat. Nous, on va attirer plus, on va être une vitrine mais le développement touristique passe par des infrastructures publiques. L'Algérie a un potentiel touristique colossal, vous avez des plages magnifiques. Une bonne partie de l'Europe attend aujourd'hui avec impatience l'ouverture de l'Algérie au tourisme. L'Algérie a la réputation d'être un pays magnifique, capable d'offrir toutes formes de paysages mais personne ne le sait vraiment, ne le voit vraiment, c'est dommage ! L'Algérie a le potentiel à la fois du Maroc et de la Tunisie réunis. -N'avez-vous pas rencontré un problème de ressources humaines ? Le personnel a été embauché à la fin de l'année dernière. Pendant un mois et demi, des formateurs du groupe Accor de l'académie de Paris se sont relayés pour venir former à l'hygiène, au langage hôtelier, des prestations à offrir, à connaître les marques. 81% du personnel n'a jamais travaillé dans l'hôtellerie. Il y a une jeunesse qui est riche et formée grâce aux universités, mais qui ne trouve pas toujours un emploi. Le challenge est de participer à l'économie de la ville.