Plus d'un million d'Algériens étaient, en septembre 2010, au chômage, affirme une enquête de l'Office national des statistiques (ONS) sur l'emploi en Algérie. Ainsi, le taux de chômage au niveau national s'établit à 10% sur une population en âge de travailler de 25 922 000 individus, soit 72,4% de la population totale du pays. Ce taux est plus élevé en milieu urbain (10,6%) tandis qu'il est de 8,7% en milieu rural. Sur ces 1 076 000 inactifs, 32,3% sont des femmes, pour un taux global de chômage féminin de 19,1%, alors qu'il n'est que de 8,1% chez les hommes. Mais le chômage affecte tout particulièrement les jeunes avec 21,5% des 16-24 ans sans emploi, ce qui équivaut à un jeune actif sur quatre, dont 18,6% d'hommes et 37,4% de femmes. Paradoxalement, ce ne sont pas les non-diplômés qui n'arrivent pas à se frayer une place sur le marché du travail. «Dans le contexte général d'une société caractérisée par un chômage d'insertion, le taux de chômage des diplômés dépasse largement celui des non-diplômés, notamment celui des diplômés de l'enseignement supérieur qui atteint le triple de celui observé auprès de la population non diplômée», est-il analysé dans l'enquête de l'ONS. Le chômage touche ainsi majoritairement les universitaires et plus particulièrement les diplômés : alors que le taux de chômage s'établit à 7,3% auprès de la population n'ayant aucun diplôme, 12,5% auprès des diplômés des instituts et écoles de la formation professionnelle, il atteint 21,4% des diplômés de l'enseignement supérieur. Ce qui équivaut à un diplômé actif sur cinq, dont 11,1% de sexe masculin et 33,6% de sexe féminin. «De ce fait, il est indéniable que l'enseignement puisse rester pertinent face au marché de travail et réponde à ses exigences. Les études et analyses portant sur l'insertion professionnelle s'avèrent un outil indispensable qui permet de mieux identifier les incohérences et les problèmes divers qui peuvent constituer un frein pour une intégration harmonieuse des jeunes diplômés dans le monde du travail», explique l'ONS. «L'existence d'effectifs importants dans certaines filières avec peu de débouchés constitue une perte sur le plan économique et social et fragilise le système d'enseignement. C'est dans ce sens qu'il paraît nécessaire d'améliorer la dimension professionnelle des formations diplomantes à travers le rapprochement durable de l'université, des instituts de formation et du marché de l'emploi», conclut l'enquête.Pour ce qui est de la population inactive qui n'est pas à la recherche d'un emploi, elle est estimée à 15 110 000 âgés de 15 ans et plus, dont 11 045 000 femmes.Les femmes au foyer représentent plus de la moitié de cette population, soit 52,3%, les étudiants 24,7%, les retraités et les pensionnés 14,2%. Entre inactivité et «sous-emploi» L'enquête de l'ONS révèle que la population inactive en âge d'activité économique (les personnes âgées entre 16 et 59 ans), a atteint 11 881 000 ; les femmes en constituent 78,4%. «Parmi cette population, 244 000 déclarent n'avoir pas cherché un emploi durant la période de référence, car ils pensent qu'il n'y a pas d'emploi, 93 000 attendent les résultats des démarches précédentes, 105 000 au motif qu'ils n'ont pas réussi à en trouver par le passé, alors que 24 000 ont effectué des démarches, mais déclarent ne pas être disponibles à travailler dans un délai de deux semaines», peut-on lire dans ce rapport. Par ailleurs, quelque 466 000 Algériens se situent dans le «halo du chômage», c'est-à-dire une situation intermédiaire entre l'inactivité et le chômage. Cette population est constituée de 239 000 hommes et 228 000 femmes. Elle est caractérisée principalement par l'absence de diplôme et de qualification (71,7% n'ont aucun diplôme, cette part atteint 80,7% chez les hommes), «mais on relève également la présence de diplômés de la formation professionnelle et de l'enseignement supérieur, notamment des femmes (respectivement 20,8% et 16,9%)», affirme l'ONS.De même, entre l'emploi et le chômage, des Algériens connaissent aussi le sous-emploi et effectuent un nombre d'heures de travail insuffisant comparativement au travail souhaité. «Plus présent en milieu rural par rapport aux zones urbaines, le sous-emploi semble affecter davantage les femmes que les hommes, les populations les moins instruites et celles qui ne sont pas pourvues de diplôme et touche davantage les 15-24 ans», explique-t-on dans le rapport.