Près de 4 millions d'Algériens travaillent dans l'informel, selon une enquête de l'Office national des statistiques (ONS) effectuée durant le 4e trimestre 2010. L'enquête révèle que l'emploi informel a connu une progression vertigineuse durant la décennie écoulée. « L'évolution entre 2001 et 2010 de l'emploi informel, fait ressortir une progression nettement plus rapide de ce type d'emploi par rapport à l'emploi structuré. En effet, l'effectif est passé de 1 648 000 à 3 921 000, soit une population qui a plus que doublé en l'espace de dix ans, alors que l'emploi structuré s'est accru de 43,1 % durant cette même période », relève l'ONS.La répartition selon le secteur d'activité fait ressortir que 45,3 % de l'emploi informel relève du secteur du commerce et services, 37,4 % du secteur du bâtiment et travaux publics, et 17,3 % de l'industrie. Près de la moitié de cette population est constituée de salariés non permanents (47,9 %), et 44,3 % de travailleurs pour leur propre compte. Près de la moitié (44,5 %) des travailleurs informels sont âgés de moins de 30 ans. « Ce qui dénote la difficulté des jeunes à s'insérer dans le marché du travail », note le rapport. Il s'agit également d'une population peu instruite : 79,8 % n'ont pas dépassé le cycle moyen de l'enseignement. L'enquête révèle qu'en septembre 2010, le nombre de chômeurs a atteint 1 076 000 dont 32,3 % sont des femmes. Le taux de chômage au niveau national s'établit ainsi à 10 % : 10,6 % en milieu urbain et 8,7 % en milieu rural. « Cependant, on assiste à d'importantes disparités selon le sexe et l'âge ainsi que le niveau d'instruction », soutient l'ONS. Alors que le taux de chômage s'établit à 8,1 % pour les hommes, il atteint 19,1 % chez les femmes. Les jeunes sont les plus affectés par le chômage. Ainsi, le taux de chômage des 16 24 ans a atteint 21,5 %, soit plus d'un jeune actif sur quatre, (18,6 % chez les hommes et 37,4 % chez les femmes). Les résultats de l'enquête font ressortir également que le chômage touche davantage les universitaires, et plus particulièrement les diplômés : alors que le taux de chômage s'établit à 7,3 % auprès de la population n'ayant aucun diplôme et 12,5 % auprès des diplômés des instituts et écoles de la formation professionnelle, il atteint 21,4 % auprès des diplômés de l'enseignement supérieur. Soit un diplômé actif sur cinq : 11,1 % pour les hommes et 33,6 % pour les femmes.