La passe d'armes entre les opérateurs de téléphonie cellulaire, Mobilis et Wataniya Telecom Algérie, et l'organisme de régulation ARPT, a remis au goût du jour le débat sur le poids économique de ce secteur de services, mais aussi ses forces et ses vulnérabilités. Faute d'une introduction trop attendue de la 3G (téléphonie mobile de troisième génération) sur le marché, un projet ajourné à maintes reprises et renvoyé sine die pour défaut de décision politique, les affaires du secteur stagnent, plombées par manque de stratégie globale, défaut de normalisation de certaines pratiques commerciales et par des injonctions nuisibles au bon exercice de l'économie. Pourtant, le marché est réputé riche en potentialités et en opportunités. Depuis 2000, date de sa libéralisation, même à coups de pratiques malhonnêtes, le marché de la téléphonie mobile a connu une croissance exponentielle. Le taux de pénétration du marché mobile en Algérie est monté en flèche, passant de 1,5% de la population en 2002 à 94,4% en 2011, soit 33,74 millions d'abonnés. Mieux encore, le chiffre d'affaires total généré par le secteur de la téléphonie mobile a été multiplié par sept entre 2002 et 2008. Il est passé, ainsi, de 530,34 millions d'euros à 3,71 milliards d'euros. La part du produit intérieur brut (PIB) provenant de la téléphonie mobile a légèrement reculé au cours de la même période, passant de 6,3% en 2002 à 4,05% en 2008. Ce repli ne témoigne aucunement d'une quelconque décroissance, mais est imputable à la hausse des revenus générés par les hydrocarbures sous l'effet de la tendance haussière qu'ont connu les prix du pétrole depuis 2002. Cependant, s'il est vrai que le marché algérien dispose toujours d'un important potentiel de croissance, notamment dans les services de données offerts par les technologies 3G et/ou 4G, le pays demeure en perte de vitesse dans ce domaine comparativement aux pays voisins, comme le Maroc ou la Tunisie qui vient de se connecter sur les services de 3G grâce à Tunisiana, filiale du groupe QTel. Perte de vitesse Selon des données de l'Union internationale des télécommunications (ITU), le taux de pénétration du marché mobile au Maroc est de 100,1% contre 106% en Tunisie et 94,4% en Algérie en 2011. Le marché algérien est pénalisé par une espèce de rétrécissement des marges dans les segments voix et de la croissance du nombre d'abonnés. Seule l'introduction de la téléphonie cellulaire de troisième et quatrième générations serait en mesure de redonner un souffle au marché et d'offrir aux opérateurs une nouvelle occasion de doper leurs marges et de ne plus compter que sur la seule croissance du nombre d'abonnés, lesquelles infimes marges de manœuvre profilent justement invariablement dans l'arrière-plan des querelles opposant les opérateurs à l'organisme de régulation ARPT. En termes de consommation des services et produits TIC, dont la téléphonie mobile, des statistiques de l'ITU ont classé l'Algérie au septième rang des pays arabes en termes de prix des services dans le domaine des technologies de l'information et de la communication et au 71e rang mondial. D'après la même source, le panier global des prix des TIC en Algérie, soit le montant total des dépenses en TIC en pourcentage du revenu moyen par habitant, a diminué entre 2008 et 2010, passant de 3,5% à 3% du revenu annuel. Les tarifs des services mobiles ont reculé en Algérie, passant de 4,4% à 3,4% du revenu moyen par habitant en 2010, laquelle baisse pourrait enclencher une dynamique de croissance du secteur de la téléphonie mobile en 2012. Cependant, la mauvaise gestion et le défaut de régulation du marché, sous l'effet d'une multitude d'injonctions politiques, pourraient compromettre tout projet de développement.