Le secteur algérien des télécommunications est prêt à subir un certain remaniement en 2012, avec le lancement très attendu des services mobiles de troisième génération au second trimestre. Le secteur de la téléphonie mobile a connu une croissance rapide depuis sa libéralisation en 2000, et l'introduction tant espérée des réseaux de données de haute capacité offre aux opérateurs une nouvelle occasion de doper leurs marges et de ne plus compter que sur la seule croissance du nombre d'abonnés. Le marché du GSM mobile est actuellement dominé par trois grands opérateurs : Mobilis (Algérie Télécoms), Djezzy (Orascom Télécoms Algérie, OTA), et Nedjma (Wataniya Télécoms Algérie). Le taux de pénétration du marché mobile est monté en flèche, passant de 1.5 % de la population en 2002, à 94.4 % en 2011 (soit 33.74 millions d'abonnés aux services mobiles), en grande partie grâce à une stratégie de libéralisation agressive. L'Algérie dispose toujours d'un réel potentiel de croissance en termes de nombre d'abonnés, en regard notamment des taux de pénétration du marché mobile de 100.1 % au Maroc et 106 % en Tunisie en 2011, d'après l'Union internationale des télécommunications (ITU), associés au nombre important de personnes qui se désabonnent puis se réabonnent, ou possèdent un double abonnement. Cependant, les opérateurs cherchent de plus en plus à développer les services de données, particulièrement profitables, pour limiter l'impact du rétrécissement des marges dans les segments voix et de la croissance du nombre d'abonnés. Les services de données mobiles font d'ores et déjà l'objet d'une forte demande, avec un nombre limité de packs GPRS et EDGE. Cependant, pour répondre à la hausse anticipée de la demande des consommateurs, qui attendent un débit et un volume de données optimisés, le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (MPTIC) a lancé un appel d'offres pour l'attribution de licences 3G en septembre 2011. Ces licences devaient être octroyées fin octobre, et les services 3G officiellement au second semestre 2012. Le délai a été reporté depuis, les membres du ministère souhaitant d'abord conclure les négociations en cours concernant la possible cession de Djezzy, détenue par la société russe Vimpelcom depuis son rachat à la société Orascom Telecom, basée en Egypte, en 2011. Djezzy, qui comptait plus de 14.5 millions d'abonnés fin 2010, détient approximativement la moitié des parts de marché national. Depuis octobre 2010, l'Etat algérien ne ménage pas ses efforts pour nationaliser Djezzy, et poursuit depuis 12 mois des négociations interminables avec Vimpelcom. Les deux parties ont convenu de travailler à l'élaboration d'un accord libéral, qui permettra au gouvernement d'acquérir une participation de 51 %, et à Vimpelcom de conserver son statut d'opérateur. Toutefois, une ordonnance judiciaire distincte du mois de mars, qui impose une amende de 1.25 milliard de dollars liée à des transactions en monnaie étrangère, pourrait venir compliquer les choses. Les membres du ministère estiment cependant que les négociations se concluront au cours des prochains mois, et que le lancement des services 3G peut être espéré au cours du second semestre 2012, d'après les médias locaux. Une fois les services 3G déployés, ce lancement marquera une nouvelle étape dans le développement spectaculaire du secteur des télécommunications national. De 2002 à 2008, le chiffre d'affaires total généré par le secteur de la téléphonie mobile a été multiplié par sept, passant de 530.34 millions d'euros à 3.71 milliards d'euros. La part du produit intérieur brut (PIB) provenant de la téléphonie mobile a légèrement reculé au cours de la même période, de 6.3 % en 2002 à 4.05 % en 2008, mais ce repli est largement imputable à la hausse des revenus générés par les hydrocarbures, associée à la flambée des prix mondiaux du pétrole. Le regain d'activité dans le segment des données mobiles contribuera certainement à faire baisser les prix des abonnements à l'Internet, ce qui constituera un bénéfice considérable pour le consommateur. L'Algérie se positionne au septième rang des pays arabes en termes de prix des services dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC), y compris les services de téléphonie fixe et les services d'accès à l'Internet, et au 71e rang mondial. D'après les données de l'ITU, le panier global des prix des TIC en Algérie, soit le montant total des dépenses en TIC en pourcentage du revenu moyen par habitant, a diminué entre 2008 et 2010, passant de 3.5 % à 3 % du revenu annuel. Pourtant, la demande de services d'accès à l'Internet est particulièrement soutenue dans la population ; en 2010, le taux de pénétration global de l'Internet s'élevait à 12.5 %, mais 2.5 % seulement de la population était abonnée à l'Internet à large bande. Alors que les tarifs des services de téléphonie fixe ont légèrement progressé pour atteindre 1.5 % en 2010, ceux des services mobiles ont reculé, passant de 4.4 % à 3.4 % du revenu moyen par habitant en 2010. Les tarifs des services de données 3G n'ont pas encore été rendus publics, mais les efforts déployés par les opérateurs de téléphonie mobile pour développer et maintenir leur clientèle devraient contribuer à contenir les prix. Grâce à la baisse des prix des services de téléphonie mobile, le secteur algérien des télécommunications devrait poursuivre sa dynamique de croissance en 2012. Face à la baisse du réservoir de nouveaux abonnés mobiles potentiels, l'introduction des services 3G d'ici au milieu de l'année devrait transformer le marché en profondeur. Le gouvernement devra toutefois trouver une solution rapide aux discussions sur la propriété de Djezzy pour permettre au secteur de profiter pleinement des opportunités offertes par ces nouveaux services.