-Les riverains de la décharge de Ouled Fayet craignent les effets de sa pollution sur leur santé et l'environnement. Existe-t-il une étude épidémiologique ? A ma connaissance, il n'y a pas eu une véritable étude épidémiologique portant sur l'impact de la décharge de Ouled Fayet sur la santé des riverains. Cela dit, de nombreux spécialistes dans beaucoup de disciplines se sont penchés sur cette décharge. Une véritable étude de santé publique aurait sûrement prouvé ces effets néfastes. -Pourquoi nos autorités ne parviennent pas à communiquer avec les riverains ? Il faut savoir deux choses : la décharge de Ouled Fayet est en voie de fermeture. Les responsables du ministère de l'Environnement ont affirmé à plusieurs reprises que la décharge de Ouled Fayet sera fermée et le site transformé en un grand espace vert. Reste à savoir quel type d'étude sera lancé et dans quel but ? Eliminer juste les odeurs et la pollution «visuelle» ou aller jusqu'à l'impact des lixiviats sur les ressources hydriques de la région ? De plus, cette décharge constitue une véritable bombe à retardement. -Pourquoi n'arrive-t-on toujours pas à trouver une solution radicale pour ces décharges ? S'agit-il d'un manque de volonté ou de moyens ? L'éradication des décharges est une problématique beaucoup plus complexe, car elle relève de plusieurs départements ministériels. Et il faut dire que chez nous, il y a un vrai problème généré par l'incapacité structurelle organique et autre qui rend impossible toute forme de démarche intersectorielle. -Oued Smar, Ouled Fayet et maintenant on parle d'une délocalisation vers Baraki. Ces décharges sont toujours installées dans des zones urbaines… Et où voulez-vous qu'on installe ces décharges ? Sur le (peu) de terres fertiles qui restent au niveau de la Mitidja ? Sur les plages interdites à la baignade ? En banlieue ? La vraie question reste l'absence totale de stratégie intersectorielle. Si notre environnement est pollué, si l'Algérie est aujourd'hui colonisée par les déchets en tous genres, c'est à cause de notre incapacité à nous mettre autour d'une table pour trouver des solutions. Les compétences existent. Elles sont marginalisées et surtout éparpillées dans des secteurs (ministères, entreprises, bureaux d'études…) qui ne veulent pas ou ne peuvent pas travailler ensemble. -Pourquoi n'arrive-t-on pas à s'inspirer des autres modèles appliqués dans des pays développés qui ont fait de la protection de l'environnement une de leurs priorités ? A quand des incinérateurs et des centres de tri en Algérie ? Tout simplement parce que notre modèle de gestion est défaillant. La préservation et la gestion de l'environnement doivent être l'affaire de tous. Du premier magistrat du pays qui doit veiller à la mise en place d'institutions et d'hommes aptes jusqu'au citoyen qui doit faire preuve d'un minimum de civisme en passant par les parents, les voisins, les enseignants, les imams… Sans oublier les partis politiques qui, dans leur quasi-majorité, n'ont aucun programme en matière d'environnement. Par ailleurs, il faut dire que le citoyen algérien est réfractaire à toute forme d'organisation. Essayez de faire respecter les horaires de collecte et de ramassage des ordures ménagères à heure fixe. C'est impossible ! Que cela soit à El Hamri, Bachdjarah ou à Club des pins ! Décideurs, hommes politiques, chercheurs et citoyens doivent comprendre que l'Algérie est sérieusement menacée par l'absence de gestion efficace des déchets. Il faudrait que l'on arrête de saturer le Journal officiel de textes juridiques et que l'on se mette au travail. Un souhait : envoyer en urgence des ministres, des députés, des walis, des présidents d'APC et des comités de quartier au Rwanda pour voir comment Kigali a réussi à éradiquer le sac plastique. Et après cela, organiser un débat.