En vue de protester contre cette décision, les habitants des communes limitrophes se sont organisés en association. La création de ce centre de transfert est en porte-à-faux avec l'arrêté du Conseil d'Etat ordonnant la fermeture de cette décharge. La décharge d'Ouled Fayet, arrivée à saturation, ne sera, semble-t-il, pas fermée de sitôt. Une enquête publique pour l'installation d'un centre de transfert de déchets ménagers dans cette décharge a été lancée en décembre dernier, dans la commune d'Ouled Fayet. Cette situation a fait réagir des habitants des communes limitrophes de la décharge, plus particulièrement ceux de Baba Hassen, qui ont créé une association. «Le dernier casier de la décharge sera saturé vers février 2012, mais la décharge ne sera pas fermée pour autant. Sa durée d'exploitation va être prolongée pour recevoir tous les déchets ménagers de 17 communes de la wilaya d'Alger (plus de 3000 m3/j) en installant un centre de transfert des déchets ménagers à l'intérieur de la décharge. La décision des autorités est en porte-à-faux avec un arrêté du Conseil d'Etat. Le Conseil d'Etat a ordonné par arrêté du 23 mai 2007, affaire 032758, la fermeture définitive de la décharge d'Ouled Fayet», relève l'association qui a fait signer une pétition à plusieurs centaines de citoyens de la localité de Baba Hassen. Les protestataires s'étonnent que l'enquête soit lancée dans la «commune d'Ouled Fayet seulement et sans respect de la réglementation». «L'arrêté portant ouverture de l'enquête publique doit être porté à la connaissance du public par voie d'affichage dans toutes les communes limitrophes. Le fait de choisir l'insertion dans deux quotidiens, qui ne sont pas connus du public et qui ne sont pas distribués dans la région, démontre le manque de transparence dans cette affaire. Le but de l'insertion dans des quotidiens est d'informer le grand public. Les habitants de la région n'ont pas tous été informés par ces quotidiens choisis. Donc, le décret exécutif n°07-145 du 19 mai 2007, notamment son article 10 dans son intégralité n'a pas été respecté», constatent les plaignants dans un rapport adressé aux autorités, et dont El Watan détient une copie. Pour l'association, les autorités ne se soucient guère de la santé des habitants des autres communes de la région. «Une enquête publique a été ouverte du 20 décembre 2011 au 19 janvier 2012 dans la seule commune d'Ouled Fayet qui se trouve à 4 km de la décharge, ignorant Baba Hassen à moins d'un kilomètre de la décharge. Les habitants de Baba Hassen, en particulier, subissent au quotidien et pendant cette longue décennie les mauvaises odeurs dues aux rejets des gaz toxiques et polluants. Sont ignorées par cette enquête les communes les plus exposées aux méfaits de ce projet et ayant les limites directes avec la décharge et qui sont Douéra, Souidania et particulièrement Baba Hassen», regrette l'association. Dangerosité de la décharge ! Les membres de l'association, s'appuyant sur une étude d'impact remise aux autorités, relève la dangerosité des casiers déjà existants. «Au niveau des casiers déjà fermés du CET, on constate la remontée des lixiviats à travers les cheminées, des biogaz ; ce qui empêche le drainage de ces derniers. Les biogaz se faufilent à travers les fissures, visibles sur la couche de terre recouvrant le casier, et dans les endroits confinés et ce, même en dehors des casiers. Les lixiviats, jetés dans la nature sans aucun traitement pendant plus de dix années, sont à l'origine d'une pollution irréversible le long du lit de l'oued Ben Brahim, continuant ses ravages jusqu'à l'embouchure de l'oued El Harrach», peut-on lire dans le rapport. Le rapport met l'accent sur l'opportunité du centre de transfert. «Les biogaz provoquent une atmosphère explosive non maîtrisable (sur tout le site du CET) qui sera un danger permanent pour le personnel et les chauffeurs des camions à l'intérieur de la décharge. Il est donc impensable d'installer la station de transfert des déchets dans ce site où le risque potentiel d'explosion est permanent. La perte d'une seule vie humaine serait une catastrophe», assure-t-on. Les dangers sur l'environnement sont aussi réels. «Vu que les déchets, en Algérie, contiennent beaucoup d'eau (40 à 50%), deux régions, celle d'Ouled Fayet et en aval celle de Hamici, CET final, seront pollués. En effet, en compactant les déchets, les lixiviats vont inévitablement se déverser sur le site aggravant encore la pollution. Près du tiers (1/3) des déchets en poids vont rester sur place sous forme liquide, les lixiviats», relève l'expertise. Nos tentatives de joindre les services de la direction de l'environnement et ceux de l'APC d'Ouled Fayet sont restées vaines.