«Il était environ 11h30. J'étais assis sur une marche d'escalier, en ville. Je mangeais tranquillement un petit sandwich à l'abri des regards. J'avais aussi une bouteille d'eau. Soudain, le lieutenant de police, qui était en patrouille avec ses éléments, s'est précipité sur moi, par derrière, m'infligeant des coups de poing avant même de m'adresser la parole», raconte Slimane R., 36 ans, qui a été surpris par la police en train de manger dans la journée, en plein mois de Ramadhan, jeudi dernier à Beni Douala, à 17 km à l'est de Tizi Ouzou. Toujours sous le choc, notre interlocuteur a ajouté : «C'est quoi ce pays de dictateurs ? Ils voulaient faire de mon cas un exemple, peut-être, donner l'exemple aux autres à travers mon interpellation ? Les gens sont libres d'observer le jeûne ou pas !» Une fois au commissariat, le concerné a été retenu durant trois heures, nous a-t-il précisé. «Ils ont commencé à parler entre eux. J'avais l'impression qu'ils m'avaient oublié, mais au bout de trois heures, ils m'ont relâché», conclut Slimane. Selon des témoignages recueillis auprès des habitants de Beni Douala, S. R., originaire de Thadarth Oufella, a été appréhendé par les policiers en train de boire de l'eau au centre-ville. Approché par les policiers, témoigne un habitant, il y a eu un vif échange de propos. Les policiers l'ont malmené avant de l'embarquer, précise-t-on. Prenant attache avec nous, un militant des droits de l'homme, membre d'Amnesty International, a dénoncé ce comportement : «Il y a eu atteinte grave aux libertés individuelles ; c'est inacceptable !» Et de préciser : «Pour le moment, le jeune homme est sous le choc et effrayé. Mais notre organisation locale va se rapprocher de la victime en vue d'établir un certificat médical, parce qu'il a une épaule déboîtée, des bleus, des traces de coups sur le visage.» La DGSN a réagi à cette affaire à travers un communiqué rendu public hier, qualifiant cette information d'«allégations infondées», rappelant qu'elle «veille constamment à ce que l'ensemble de ses agents respectent les règles de déontologie dans l'exercice de leurs missions».