Par crainte de la défection du public qui ne s'est pas déplacé en masse, une fois de plus les organisateurs de l'ONCI ont, à la dernière minute, chamboulé le programme de la deuxième soirée. Devant se produire lors de la deuxième partie juste après les «vedettes» algériennes, Yara, la chanteuse libanaise, ouvre le bal à minuit. La première virée algérienne du «papillon de la chanson arabe» (surnom de Yara) a subjugué les présents. En hommage à la défunte diva de la chanson arabe, Warda El Djazaïria, l'orchestre libanais entame le beau récital par Atouenes bik qui est accueilli par une grande ovation empreinte d'une certaine émotion d'un public connaisseur et reconnaissant. Sans transition aucune, la jeune artiste rentre dans le vif du sujet avec Djarb ya hayati, Djaya ouida al albi, Albi fik maghroum, et Sodfa. L'interprète, qui entonne un répertoire à connotation khalidjie, envoûte un public aux anges. La pelouse du stade se transforme durant presque deux heures en une scène de danse où les deux sexes entrent en transe. Le civisme d'une assistance intéressée transcende l'artiste, qui enchaîne avec l'art et la manière. La symbiose entre l'interprète et son orchestre n'a pas laissé indifférents les présents, subjugués par la présence sur scène et les mélodies d'une star à la voix d'or. Celle-ci, qui entonne de fort belle manière Nassim alayna El Hawa de Faïrouz, poursuit son récital par ses succès : Maroum, Khoudni Maâk, Khali Ness Tchouf, enflamme un stade presque vide. «Les absents ont tort, car on n'assiste pas tous les jours à un spectacle d'un tel niveau. Les organisateurs qui n'ont pas pensé à placarder des banderoles et affiches dans les différents endroits de la ville sont les premiers et seuls responsables du forfait du public avide pourtant d'animation et d'ambiance de ce genre», dira Mme Fatiha, qui s'est bien défoulée avec sa petite famille : «Placées dans de très bonnes conditions, les familles ont passé une agréable soirée. Seulement, les organisateurs qui collectionnent les bourdes oublient une fois de plus de communiquer le programme de la prochaine soirée», enchaîne notre interlocutrice, qui nous donne rendez-vous à l'issue de la prestation de Yara. Laquelle termine son très beau tour de chant par l'inoubliable Albi Saïd Wayak Ya Hayati, et ce, en guise d'hommage à Warda El Djazaïria qui appréciait de son vivant la chanteuse libanaise, une autre admiratrice de la défunte icône. Avec une voix magnifique, des poèmes raffinés, de très belles partitions, la jeune artiste du pays du cèdre a conquis le public sétifien qui prend ainsi congé du stade qui se vide complètement : «Rassasié par les beaux moments procurés par Yara, le public ne pouvait dès lors assister aux ‘‘reprises'' de Maâdi El Hadj, Adel Chaoui et Nada El Rayhan, et Abdou Dariassa, contraints par les organisateurs à jouer aux figurants. Cette manière de faire des organisateurs n'est ni plus ni moins que du bricolage qui a apparemment la peau dure chez nous. Ils n'auraient pas dû faire un tel coup aux artistes algériens qui se sont produits dans un stade vide, comme vous le constatez», martèle Mme Fatiha, envoûtée par le papillon qui a cédé hier la scène à Hassiba Abdel Raouf, cheb Didine, Tayeb Ibrahim, Massinissa et au Syrien Wafik Habib. Avec son spectacle «Amour et paix», la troupe Imzad précédera ce soir l'artiste mauritanienne, Maâlouma Bent El Meddah…