L'Etusa, qui assure l'exploitation du tramway dans le cadre d'une joint-venture, reconnaît l'existence de ces pratiques. Validateurs de tickets en panne, monnaie introuvable, contrôleurs inexistants, les habitués du tramway ont remarqué un laisser-aller dans la gestion du tramway. La mise en exploitation du deuxième tronçon du tramway ne s'est pas accompagnée, comme le redoutaient des responsables du ministère des Transports eux-mêmes, d'un renforcement des effectifs. «J'ai l'habitude de prendre le tramway à partir de la station Clair Matin. Là-bas, j'ai remarqué des gens qui montent sans acheter leur ticket. Une fois à l'intérieur des rames, personne ne les contrôle. Je connais une employé d'une administration de la wilaya de la Radieuse (El Harrach) qui se balade avec un seul ticket qu'elle n'a pas toujours jugé utile de valider. Elle aurait peur de qui ? Les contrôleurs, c'est comme l'Arlésienne. Personne ne traquera et ne fera payer d'amende à ceux qui ne disposent pas de titre de transport valable», constate un habitué du tramway. L'absence de contrôleurs est la règle à l'intérieur des rames et même au niveau des différentes stations du tronçon de près de 24 km. «Les gens ont remarqué l'absence de contrôleurs. Je peux vous dire qu'il y a une toute petite minorité de voyageurs qui paie. Les autres n'en ont cure. Les resquilleurs ne craignent plus personne et préfèrent faire le voyage sans acheter leur ticket de 50 ou même de 20 DA. L'absence de validateurs à l'intérieur a fait augmenter ce phénomène», relève une cliente qui prend le tramway à partir de la station Mouhous (Bordj El Kiffan). L'Etablissement public de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa), qui assure l'exploitation du tramway dans le cadre d'une joint-venture, reconnaît l'existence de ces pratiques et assure être en voie de prendre des mesures adéquates pour y mettre un terme. «Plus de 30% des usagers n'achètent pas leur ticket. Par ailleurs, ceux qui sont de bonne foi ne trouvent pas, comme d'habitude, de receveur à l'intérieur des rames et montent sans ticket. La situation changera avec le renforcement des effectifs», relève Abid Bouteba, président du syndicat d'entreprise de l'Etusa, qui a recruté pas moins de 500 travailleurs pour l'exploitation de ce mode de transport. «Nous avons eu une réunion avec les contrôleurs pour les instruire sur les actions à prendre face aux resquilleurs», ajoute M. Bouteba qui fait remarquer que le tramway transporte 50 000 voyageurs par jour. Pour les clients, les usagers doivent avoir la «peur du contrôleur». «Les pertes de l'entreprise seraient énormes. Les gens se déplacent d'une station à une autre sans payer leur ticket. Il faudrait instaurer une véritable rigueur et ne pas rééditer l'expérience de l'ex- RSTA qui a laissé pendant plusieurs années ses bus sans contrôleurs. La rigueur doit s'imposer dès le départ pour faire admettre aux gens que voler «Eddoula», c'est aussi haram (péché) mais surtout illégal », estime un sexagénaire