Le nouveau bureau du Syndicat national des magistrats (SNM) a désormais une représentation officielle au niveau du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), la plus haute instance qui gère la carrière et la profession des juges. Composé d'une dizaine de membres et du président, le bureau a la lourde tâche de remobiliser une base effritée. Le conflit né du limogeage de Mohamed Ras El Aïn, après ses déclarations relatives au conflit du FLN, lors de la campagne électorale d'avril 2004, et l'opération de purge qui a visé ses proches et sympathisants, ont fait tache d'huile et aidé à vider le syndicat de ses meilleurs éléments. Bon nombre des membres fondateurs de l'organisation ont fini par rendre leur tablier, et d'autres, après avoir été gratifiés de postes de responsabilités, ont préféré abandonner la lutte syndicale, laissant le SNM réduit à sa simple expression. Assurant l'intérim durant près de deux ans, Djamel Aïdouni, juge près le tribunal d'El Harrach, puis promu en tant que conseiller à la cour d'Alger, n'a pu remobiliser les troupes pour remettre sur pied le SNM, dont la crédibilité a été entachée. La campagne qu'il a menée pour préparer l'assemblée générale du 9 mars n'a pas eu les effets escomptés. Dans certaines régions connues comme étant un fief de l'ancien président du SNM, notamment à l'est du pays, les élections des délégués n'ont pas eu lieu. Des délégués ont été désignés pour représenter les magistrats à la conférence et, de ce fait, éviter toute contestation en public. Le candidat qui devait se présenter au nom de cette région s'est retiré en tout début des travaux de l'assemblée, laissant Djamel Aïdouni succéder à lui-même en toute quiétude, après bien sûr le retrait d'un autre candidat de l'Ouest. Même si le président a été plébiscité par l'assemblée générale au lieu d'être élu, il n'en demeure pas moins que la composante du bureau national a connu un profond changement. De nouveaux magistrats, certains jeunes, d'autres plus anciens y compris dans l'activité syndicale, représentants de nombreuses cours du pays, y sont représentés. Sa seule grande tare reste néanmoins l'absence totale de l'élément féminin, qui constitue pourtant plus de 70% de l'effectif des magistrats. Les rares candidatures présentées à l'élection n'ont pas eu les voix nécessaires. Les magistrats hommes n'acceptent toujours pas de se faire représenter par leurs collègues femmes. Sur cette question, les mentalités restent fermées. En tout état de cause, le nouveau bureau a pour tâche aujourd'hui de mobiliser au maximum la base pour reconstruire ce qui a été détruit par les luttes politiques, partisanes et de leadership. Dans les recommandations adoptées par l'assemblée générale, il est question de militer pour l'amendement de deux articles du statut du CSM. Le plus important est lié à l'indépendance du magistrat. Le SNM a demandé à ce que les nominations aux fonctions judiciaires spécifiques soient dévolues au CSM, et non pas au ministre de la Justice, comme c'est le cas aujourd'hui. Le SNM a également exhorté la chancellerie à adapter le volume du travail pour chaque magistrat en fonction des moyens humains et matériels de sa juridiction et sa formation au volume de son travail.