Depuis trois décennies, le chemin menant vers la gare routière est n'a guère changé de décor. Alors que les bus de la défunte régie communale desservant les lieux à partir de la station de Boumezzou ne sont plus qu'un lointain souvenir, les citoyens n'auront plus le choix que d'emprunter les épaves jaunes à partir de l'avenue Rahmani Achour. Le passage par le quartier lugubre du bardo donne une impression d'un retour à travers le temps. Même le tronçon de route qui jouxte les décombres de l'ancien abattoir communal ne semble pas vouloir changer de peau. Incessamment retapé, ce passage, qui demeure un calvaire pour les automobilistes, semble condamné à connaître le même sort pour l'éternité. Même constat pour la route qui fait office d'accès à la gare routière est et qui jouxte des quartiers nés d'une extension anarchique et jamais contrôlée. La première vitrine de la ville de Constantine, construite sur l'axe routier reliant les sorties ouest et est de la cité des Ponts n'offre rien aux passagers. Une architecture inchangée depuis des décennies, alors qu'on est impressionné par le nombre excessif des gargottes « luxueuses » implantées dans un espace crasseux. Le côté hygiène se passe de tout commentaire. Les toilettes publiques côtoient les lieux de prière. Un fait choquant. Des odeurs nauséabondes se dégagent à longueur de journée. Des saletés dans tous les coins. La station qui devient un grand bourbier durant la saison des pluies manque d'éclairage. Sur tout son périmètre, aucune clôture ne protège les lieux réservés au parking. La clochardisation de la station est manifeste avec tous ces lots de vendeurs ambulants, des filles sans familles qui vivent de la charité des gens et ces soûlards qui infestent les lieux. Pourtant, la station gérée par la municipalité de Constantine ne manque pas de ressources pour améliorer son sort. Les droits de stationnement fixés à 150 DA pour les nombreux bus desservant une douzaine de destinations ainsi que les loyers des boutiques génèrent un important pactole pour l'APC. Cette dernière n'a pas trouvé mieux que d'installer quelques bancs d'une autre époque alors que dans toute la station il n'y a pas le moindre dépotoir. Côté sécuritaire, l'ouverture d'un poste de police avec une présence permanente des patrouilles des agents de l'ordre semble rassurer quelque peu les passagers. Cependant, les espaces reculés de la gare et même les lieux de stationnement ne sont pas toujours des lieux sûrs, notamment à l'aube et durant la nuit. Des agressions à l'arme blanche ou par l'usage de bombes lacrymogène ne sont plus à écarter. Certains citoyens ont même failli y laisser leur vie. L'agression dont a fait l'objet depuis quelques mois un receveur de l'entreprise de transport de l'Ouest avec un séjour de quelques jours à l'hôpital et une autre perpétrée depuis quelques jours contre un passager âgé pour le délester de son argent demeurent toujours présentes dans les esprits. Depuis, les chauffeurs de bus et taxis sont sur le qui-vive. Certains nous ont avoué qu'ils évitent de passer la nuit à la station. Depuis des années, la gare routière est n'a pas bénéficié du moindre investissement pour améliorer une image désolante d'une gestion communale hasardeuse. Le constat a même été fait par le wali de Constantine lors de sa visite des lieux en septembre dernier. Le premier responsable de l'exécutif qui ne manquera pas de déplorer la démission des autorités de la ville ne trouvera pas les mots pour qualifier une situation qui l'a profondément choqué. Un état des lieux qui n'honore guère une ville aspirant à retrouver son rang de capitale de l'Est.