La plus vieille gare routière de la ville de Constantine n'a pas changé de décor depuis plus de trois décennies. Le même parcours pour des citoyens obligés d'emprunter un chemin cabosseux à bord des épaves jaunes d'un autre âge, car les bus de la défunte régie communale desservant autrefois la Sntv-est ne sont plus qu'un lointain souvenir. Les routes qui font office d'accès à la gare et qui jouxtent des quartiers nés d'une extension anarchique de la ville n'offrent que des images d'insalubrité aux passants. L'architecture de la gare elle-même semble s'accrocher à son style lugubre alors qu'aux alentours on est impressionné par le nombre excessif de ces gargotes tirées d'un catalogue indien, implantées comme des champignons sur des espaces crasseux. Inutile de parler de l'hygiène. La gare routière de la capitale de l'Est, première vitrine de la ville, n'a pas de clôture. Véritable passoire, elle est aussi le lieu de dépôt d'ordures en tous genres. Des saletés qui s'accumulent sur la rive de l'oued Boumerzoug mais aussi au fond d'un parking sauvage. Des odeurs nauséabondes se dégagent à longueur de journée. La station qui devient un grand bourbier par temps pluvieux manque d'éclairage. Pourtant, la station gérée par la commune de Constantine ne manque pas de ressources pour améliorer son sort. Les droits de stationnement fixés entre 100 et 150 DA pour les nombreux bus desservant quotidiennement une quinzaine de destinations, ainsi que les droits de loyers des multiples locaux commerciaux devraient générer un pactole important pour l'APC. Cette dernière qui n'a pas songé encore à revoir ses loyers dans un lieu qui charrie des milliers de passagers par jour, ne trouve pas mieux que de gérer un espace voué à une dégradation progressive. Depuis des années, la gare routière n'a pas bénéficié du moindre investissement pour améliorer une image désolante pour la ville, sauf quelques bancs métalliques installés pour servir de dortoirs aux SDF qui écument ses allées. Le constat fait par le wali de Constantine lors de sa visite dans la ville au mois de septembre 2005 en est une preuve. « Ce lieu n'honore guère la ville », dira-t-il. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts mais rien n'est venu changer les choses.