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La réglementation des transports bafouée à Annaba
Annaba en appelle aux pouvoirs publics pour retrouver son image
Publié dans La Tribune le 23 - 03 - 2010

De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
Les transports urbains ou interurbains par bus, cars ou taxis ne sont plus ce qu'ils étaient il y a quelques années et cette dégradation continue au grand dam des usagers qui ne savent plus à qui se plaindre. En effet, en fait de cars, ce sont des épaves roulantes toutes déglinguées et qui tombent souvent en panne en cours de route, laissant les voyageurs sur le bas-côté. Ces véhicules, vieux pour la plupart de plus d'une vingtaine d'années, sont pleins à craquer, circulent et stationnent où bon leur semble pour «ramasser» les piétons dans les cités qu'ils traversent. Les chauffeurs ne se soucient guère de la réglementation régissant cette activité, ils roulent à grande vitesse, dépassent dangereusement d'autres véhicules et souvent ne respectent pas le code de la route. Le véhicule est en piteux état, des vitres qui s'ouvrent difficilement ou ne se ferment pas du tout, des portières qui n'ont plus de poignées et auxquelles on a installé des loquets et un intérieur très sale où l'on voit traîner toutes sortes d'ordures.
Les banquettes éventrées d'où dépassent des ressorts dissuadent l'usager de s'asseoir, obligé qu'il est de s'agripper aux barres horizontales qui finalement ne tiennent pas. Le receveur, si on peut encore l'appeler ainsi, se contente d'encaisser sans délivrer les tickets, il est toujours en train de discuter avec quelqu'un et avec la musique diffusée par le lecteur CD du véhicule, le passager est obligé de crier pour demander le prochain arrêt. A la station de bus «Kouche» située en plein centre-ville, c'est l'expression du tiers-monde dans toute «sa splendeur», de vieux hangars qui menacent ruine et sous lesquels sont alignés les bus, des écriteaux à peine lisibles indiquant les directions, des «quais» où les flaques d'eau ne se comptent plus avec en outre des immondices qui traînent. Dans ce décor se bousculent des centaines de voyageurs aux heures de pointe, le bus ne démarrant que lorsqu'il aura fait le plein, le trop-plein, dirons-nous, sinon l'usager est condamné à attendre parfois près d'une heure avant de voir le chauffeur prendre la route.
Dans cette station s'entassent pêle-mêle des vendeurs de confiseries, de pizzas exposées aux quatre vents, de paquets de cigarettes contrefaits, d'articles divers ; la cafétéria n'est pas mieux lotie, des chaises bancales, de vieilles tables, des verres ébréchés et sales et des gâteaux et des croissants qui datent de la veille. En sortant de la station, les bus créent fréquemment des encombrements que les policiers essayent de dégager en intervenant à chaque fois pour régler la circulation. Passé 19 heures, on ne trouve plus ni taxis ni bus et les usagers sont contraints de s'adresser aux «fraudeurs» pour rentrer chez eux et les prix montent selon l'heure. Ces clandestins ne prennent pas toutes les destinations et choisissent leurs clients en imposant leurs tarifs.
Là non plus, il n'y a aucun contrôle et le pauvre usager subit impuissant le diktat de ces parasites. A la station de Sidi Brahim, construite dans les années 70 et qui était l'une des meilleures du pays, dotée à l'époque d'un escalier mécanique et de toutes les commodités, poste de police, restaurant, cafétérias, guichets, pharmacie, boutiques, bureau de tabac et autres est aujourd'hui dans un état déplorable. Il y a des années que l'escalator est en panne, les guichets sont fermés et dans un piteux état, les cafétérias se sont transformées en pizzerias où les intoxications alimentaires sont fréquentes, les boutiques ont presque toutes fermé et les toilettes sont infréquentables au vu de leur état, l'insalubrité étant le dénominateur commun de tous ces lieux. Les cars toutes directions stationnés sur les quais n'ont pas, à vrai dire, d'horaires fixes, même ceux ralliant le Centre ou l'Ouest et les tarifs pratiqués varient selon le transporteur. La réglementation ? Personne ne la respecte et ce sont les receveurs qui font leur loi ; sur chaque billet à destination d'Alger par exemple, ils encaissent 50 DA et parfois même plus. L'état général des lieux n'est pas digne d'une ville comme Annaba et ce n'est pas tant les structures qui font défaut, c'est plutôt la gestion qui est catastrophique, on laisse les choses se dégrader et on n'intervient presque jamais. La nouvelle gare routière dont les travaux de réalisation ont été lancés occupera une superficie totale de 5 hectares et coûtera 540 millions de dinars. Selon le directeur des transports de la wilaya de Annaba, celle-ci accueillera près de 1 million de voyageurs, taxis et cars compris. Malgré son éloignement de la ville, puisque se situant sur la RN 44 à hauteur de la localité de Bidari, elle désengorgera la ville et les cars et taxis la desservant n'auront pas à pénétrer dans le chef-lieu de wilaya. La nouvelle gare routière qui sera opérationnelle fin 2011 sera équipée de toutes les commodités et sa gestion n'est pas encore arrêtée. Ce qui est sûr, c'est que si ladite gestion n'est pas contrôlée et suivie selon le cahier des charges établi, elle aussi connaîtra le même sort.


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