Ils ne montent pas sur scène sans enflammer leur public. Eux, ce sont les sept membres du groupe Gnawa de Constantine qui ont fait vibrer une assistance envoûtée lors d'un concert animé, le week-end dernier. Une prestation haute en couleur et en sonorité, avec un rythme soutenu sur les airs du mondole, la guitare électrique et l'orgue, accompagnés des instruments de percussion (batterie, conga, derbouka, bendir et karkabou). Infatigable, la bande des «sept cavaliers sur scène» a enchaîné, avec l'art et la manière et sans transition, des chants puisés d'un patrimoine aussi riche que populaire. Jeunes et adultes ne sont pas restés indifférents. Ils se sont laissé emporter et envoûter par un tempo dynamique et juvénile. Avec Allah Ya moulana, le groupe a choisi d'entamer la soirée comme pour préparer la fête, avant de monter en cadence en interprétant Ennass Houel, Ya hbaba, Hakmet Lekdar, Mal Hali, Ida Daq El Hali, ainsi que les titres populaires, Ya bent bladi et Echamaâ. Le clou de la soirée a été une chanson dédiée aux Sanafir du CSC, club phare de la ville du Vieux rocher. Avec Djaw Ouled El Kahdra, le groupe a été longuement ovationné. Créé en 1975 sous le nom de «Jil El Ghiwane», le groupe Gnawa de Constantine, qui connaîtra des fortunes diverses, entrera en hibernation dans les années 1990, pour des raisons connues par le commun des mortels. Conduit par Hassan Kheniene jusqu'à la fin des années 1980, il est actuellement dirigé par Didine Reghida. «C'est grâce au réalisateur de l'ENTV de Constantine, Ali Aïssaoui, que le groupe a repris pour animer la clôture du Festival maghrébin du théâtre, et c'est ainsi que nous avons relancé nos activités», nous dira Didine Reghida. Ce dernier précisera que si le groupe s'inspire des œuvres des non moins célèbres groupes de Nass El Ghiwane, Jil Jilala et El Mchaheb, il a pu constituer son propre répertoire tout en restant dans la même ligne, celle du gnawa et du moghrabi. «Nous avons même produit un album dans les années 1990, mais nous ne l'avons pas diffusé pour diverses raisons», dira notre interlocuteur. Il faut dire aussi que, faute de médiatisation, le groupe, qui cumule une longue carrière, demeure peu connu. Certains jeunes et autres amateurs du style gnawa l'ont découvert à l'occasion d'une soirée de Ramadhan. Pourtant, «la bande à Didine» compte à son actif plusieurs participations dans des festivals de renommée internationale, notamment entre 1988 et 1989. Outre une participation dans un festival à Barcelone, elle a surtout représenté l'Algérie aux 5es rencontres méditerranéennes de Montpellier, comme elle a pris part aux festivités du 5 juillet organisées à Strasbourg par l'Amicale des Algériens en Europe. La production d'un CD est le principal projet de ce groupe qui ne manque pas d'ambition ni de savoir-faire musical. Et c'est tout le bien qu'on lui souhaite.