Plusieurs centres publics d'hémodialyse risquent d'arrêter leur activité pour manque d'un produit, le concentré acide, utilisé pour l'hémodialyse. Des centaines de patients insuffisants rénaux chroniques se trouvent, aujourd'hui, pénalisés, car les hôpitaux sont en cessation de paiement depuis 8 mois auprès de leur principal fournisseur, l'entreprise privée nationale IMC. Des centres publics de Draâ El Mizan et de Azazga ont carrément fermé leurs portes. Le service d'hémodialyse de l'hôpital de Tizi Ouzou est sérieusement pénalisé. D'autres centres au niveau national risquent de connaître la même situation, tant que l'administration n'a pas encore visé les besoins par la commission des marchés. Un blocage dont souffrent sérieusement plusieurs établissements de santé publique. Les 10 centres que compte la capitale vivent ce cauchemar depuis plusieurs semaines. Les gestionnaires tentent tant bien que mal de trouver des solutions auprès des cliniques privées pour assurer les séances d'hémodialyse à leurs patients, pour une période ne dépassant pas les huit jours. «Nous avons pu maintenir l'activité grâce à la générosité de certaines cliniques privées amies. De manière générale, il faut préciser que les nouvelles dispositions financières, en l'occurrence le code des marchés, le contrôleur financier, les deux ordonnateurs et le receveur imposés à l'établissement de santé ont complètement perturbé les approvisionnements. Les gestionnaires ont été pris de court et nous enregistrons des retards, allant de 3 à 4 mois, concernant la réception des produits. Une situation dramatique pour les malades et les praticiens», nous confie un responsable au niveau du centre d'hémodialyse de l'hôpital Parnet. Pour l'hôpital de Beni Messous, les malades continuent de faire leurs séances d'hémodialyse, d'après son directeur général. «Nous avons pu régler le problème», nous a-t-il confié, sans préciser comment il a procédé. Ainsi, les cliniques privées viennent, sans doute, au secours des centres publics pour qui, pourtant, des sommes colossales ont été débloquées par l'Etat pour en finir avec toutes les ruptures. La ponction des 50% du budget des hôpitaux au profit du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière est certainement à l'origine de cette catastrophe. Du côté de l'entreprise privée IMC, le concentré acide représente 80% de son activité. «Le secteur public prend 50% du marché, ce qui représente 500 000 bidons de 10 l de produit, et les hôpitaux ne nous ont pas payés depuis janvier 2012. On ne peut plus continuer à travailler à ce rythme, car il faut bien acheter la matière première. Nous avons même fait des livraisons urgentes sans couverture contractuelle. Les structures de santé ont été saisies par écrit, en vain. Le problème est toujours posé», a indiqué un responsable de l'IMC. Et de souligner que certaines structures de santé n'ont pas encore lancé leur appel d'offres. Interrogé sur les structures privées, notre interlocuteur précise qu'elles respectent les délais de paiement qui sont fixés à 60 jours. «Nous n'avons pas de problème avec ces structures», a-t-il précisé. A noter que 16 000 insuffisants rénaux attendent d'être greffés et sont sous dialyse, dont 8500 sont pris en charge dans 130 cliniques privées conventionnées par les caisses de la Sécurité sociale. Les 4500 autres sont traités dans les 200 unités d'hémodialyse chronique du secteur public et chacun nécessite trois séances par semaine, soit une quantité de 15 l de concentré d'acide par patient.