Il est difficile d'aborder le sujet de l'industrie à Souk Ahras sans appréhension et sans inquiétude. Devant un investissement privé timide et en mal de repères et un secteur public souffrant de déséquilibre financier et essoufflé par les dettes et l'ouverture tous azimuts du marché local, la situation devient préoccupante et pour le devenir d'une industrie locale déjà précaire et pour des contingents de travailleurs menacés par la compression des effectifs. Ces contraintes financières ont été récemment à l'origine d'un arrêt de production, décidé depuis peu par les responsables de l'usine à papiers Gipec (ex-Sonic). Selon l'inspection du travail, 155 employés sur 202 ont déjà postulé à un départ volontaire et 35 autres ont émis le vœu de pouvoir bénéficier du droit à la retraite proportionnelle. Naguère faisant la fierté des réalisations de l'Algérie indépendante, Gipec subit aujourd'hui les conséquences de la mondialisation, mais aussi de la concurrence du marché parallèle pour laquelle l'entreprise était mal préparée. L'inspecteur du travail nous a confié, à cet effet, qu'il s'agit d'une « nouvelle vague de travailleurs compressés qui viennent emboîter le pas à ceux d'autres entreprises publiques et privées à l'instar de l'Emewisa usine spécialisée dans la production des meubles, le complexe laitier Thagaste et plusieurs autres manufactures liquidées ou en voie de l'être ». L'entreprise des peintures EPSA, même si elle est actuellement mieux lotie en matière de recettes, risque de devenir moins frugale dans les années à venir à cause des dépenses supplémentaires qu'imposeront les mesures de protection de l'environnement en milieu urbain, notamment depuis la lecture du rapport de l'APW relatif à la pollution à Souk Ahras. D'autres dépenses sont également à prévoir dans le cadre de l'hygiène et de la sécurité des travailleurs, dont les mesures sont « à renforcer et à promouvoir au sein de l'entreprise », selon l'inspecteur du travail. Côté Lasa (complexe lainier), l'on vient d'apprendre une meilleure prise en charge du dossier par les responsables du groupe industriel qui a récemment procédé à un effacement des dettes héritées, dont le paiement consenti par le complexe représentait 50% des recettes, selon le directeur de l'entreprise. Un assainissement fiscal et parafiscal est également prévu pour Lasa, dont le nombre des travailleurs a été réduit dans les années 1990 à 400 employés pour une usine d'une capacité de 1500 travailleurs. Le complexe commence à voir le bout du tunnel après avoir frôlé le bradage à cause d'une gestion antérieure empreinte « d'injonctions de parties étrangères au secteur et d'intrigues sur fond de mercantilisme entretenues à outrance par les détracteurs du secteur », nous a confié un autre responsable du complexe. Pour une wilaya où les entreprises publiques et privées sont peu nombreuses, où l'investissement pourvoyeur de postes d'emploi se fait rare et où le marché du travail est déjà saturé, l'on craint une nouvelle vague de compression des effectifs. Objectifs des uns, fatalité des autres.