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Chômage et précarité sont le lot de la population à Souk Ahras
Les éternels oubliés du marché du travail
Publié dans El Watan le 15 - 10 - 2007

Souk Ahras est une wilaya où l'on a peu investi dans des secteurs générateurs d'emploi, même pendant la période faste de l'Algérie indépendante. Les quelques entreprises publiques qui ont été implantées au sein de cette wilaya succombent aujourd'hui devant l'irréversible avancée d'une privatisation tous azimuts. Chômage et précarité sont ainsi le lot de la population.
Souk Ahras : De notre correspondant
Dans la wilaya de Souk Ahras, l'on se rabat généralement sur le commerce, et quel commerce ! La quasi-totalité des communes, celle du chef-lieu en particulier, donnent l'impression à un hypothétique visiteur que les commerçants, ceux du marché informel inclus, dépassent le nombre de la population de la wilaya. Dans ce bazar grandeur nature, des marchés spécialisés ont pignon sur rue notamment depuis l'entame de la politique de libéralisation économique dans les années 1990. Simples palliatifs, diront certains, puisque la saturation de ces marchés est inévitable avec l'arrivée des nouveaux contingents de recalés du système scolaire, des travailleurs victimes de compressions d'effectifs et des chômeurs des régions rurales. Marché parallèle des portables et accessoires ainsi que les bicyclettes et motos d'occasion à la rue des Fidayine, commerce des fripes à la rue Ibn Badis, celui des pièces de rechange, des outils de travail et de plusieurs autres objets hétéroclites à la rue Frantz Fanon et la liste n'est pas exhaustive. Mohamed est un jeune universitaire qui attend depuis deux années un recrutement dans n'importe quel secteur. Il dira ceci : " Je trimballe avec moi une licence en droit et je n'arrive toujours pas à me fixer sur ma profession d'avenir. Les concours annoncés par voie de presse ou ceux figurant sur les annonces collées sur les murs de certaines administrations proposent parfois un poste pour des centaines de candidats. Donc, imaginez la pression qui va peser sur l'organisme employeur, et, bien-sûr, le calibre des interventions ".
Déséquilibre entre l'offre et la demande
Spécialisé dans le commerce des chardonnerets, Said, 22 ans, refuse d'admettre le statut de chômeur et préfère plutôt la débrouille aux circuits formels de l'emploi, disant : " Se lamenter sur son sort et regarder s'égrener les jours sans rien faire, n'est pas mon fort, même s'il faut reconnaître que le chômage a atteint plusieurs pans de la société ". Riad et Hamid, eux, ont un tout autre avis et chacun d'eux traîne avec lui une expérience décourageante. Le premier a révélé : " Que voulez-vous que je fasse avec un diplôme de technicien en informatique. Les administrations, publiques soient-elles ou privées, recrutent parmi la gent féminine pour les besoins des secrétariats, et les moyens matériels font défaut pour monter une boîte privée ". Le second renchérit : " Il n'y a ni port, ni aéroport, ni usine à Souk Ahras. La khedma, la Zedma. Je suis le quatrième enfant d'une famille composée de neuf membres et qui compte six chômeurs ". C'est par les chiffres que l'inspecteur du travail A. Mesrati a commenté la situation de l'emploi à Souk Ahras. " La population active était estimée à 148 931 en 2005, alors qu'en 2006 son nombre a atteint 153 398 soit un accroissement de 4 467. Il est difficile de cerner avec exactitude la population inactive à Souk Ahras, où un taux assez important de personnes occupe des fonctions hors wilaya et qui échappe, de ce fait, aux recensements effectués par les différentes instances. Ajoutons à cela les employés non déclarés dans des secteurs tels que l'agriculture, le bâtiment, les services et certaines professions libérales. C'est dire toute la complexité de l'opération et l'importance de la population que l'on annexe gratuitement aux chômeurs, mais qui en fait ne l'est pas. Nous nous sommes basés dans notre étude sur quatre approches : le calcul du nombre de la population salariée sur la population active, l'estimation approximative sur la base de quelques données de la population occupée dans le travail informel, les citoyens en activité dans les autres wilayas du pays et enfin les travailleurs permanents non déclarés. C'est ainsi que nous avons réussi à différencier entre un chômage brut qui avoisine les 40% et un chômage réel qui varie entre 20% et 30% ". De son côté, le directeur de l'emploi au niveau de la wilaya expose ainsi le problème : " Il y a un déséquilibre certain entre ce que demandent les postulants aux postes de travail et ce que peut offrir le marché local de l'emploi. Alors que des entreprises réclament une main-d'œuvre qui fait énormément défaut dans le bâtiment et les aménagements, nous constatons un surplus de demandes dans des spécialités déjà saturées. Nous citerons à titre indicatif les licences en droit, en lettres arabes et en économie. Le problème se pose autrement par rapport aux formations techniques telles que la mécanique où les chances de recrutement se font de plus en plus rares dans une wilaya où le secteur industriel est loin d'être pourvoyeur de postes d'emploi. Nous souhaitons par contre que des formations dans des spécialités où les débouchés sont garanties, telle que la plomberie soient encouragées ". S'agissant des universitaires seulement, la direction de l'emploi estime à 1 546 le nombre d'inscrits pour l'année 2006 dans le cadre des contrats de pré-emploi, dont 594 postulants reçus par les organismes employeurs. " Généralement, c'est les administrations publiques qui recrutent, le secteur industriel, hormis l'ENAP qui s'implique positivement, offre moins d'opportunités de recrutement et le secteur privé est présent d'une manière insignifiante ", a ajouté le même responsable.
Main-d'œuvre sous payée et non déclarée
Les jeunes rencontrés sur les lieux reprochent à la formule de pré-emploi, son caractère temporaire puisqu'elle ne peut en aucun cas dépasser les deux années. Le directeur de l'emploi indiquera à ce sujet que ce point est pris en considération par la direction qui cible souvent les organismes où il y a possibilité de maintien. Ce dernier varie d'ailleurs entre 20% et 30%. Des cadres universitaires recrutés dans le cadre des contrats de pré-emploi sont plutôt sceptiques : " On ne reçoit la bénédiction de l'employeur pour un poste permanent que suite à une intervention de gros calibre ". Les P/APC, qui sont à la fois partenaires et employeurs, ne croient pas dans leur majorité que le chômage est endémique. Ainsi, l'APC de Souk Ahras réfute les approches faites dans le domaine par certains observateurs. C'est son premier responsable, en l'occurrence Houmana Boulaâres, qui apportera les détails suivants : " Dire que le chômage n'existe pas à Souk Ahras relève de la pure démagogie. Il est utile toutefois de souligner qu'une majorité des demandeurs d'emploi recensés par nos services ne le sont pas réellement. Dans plusieurs cas le postulant est soit un commerçant ambulant qui compte s'investir dans une activité parallèle, soit un chômeur qui refuse certains travaux. Les demandeurs d'emploi authentiques existent mais leur nombre est loin de la version amplifiée. Des secteurs, tel que le bâtiment, accusent un déficit criard en matière de main-d'œuvre à Souk Ahras. Si nous parlons de l'APC en sa qualité d'employeur, nous dirons que la majorité des demandeurs d'emploi postule pour des postes de gardiennage ou à l'un des services de la commune, mais refuse certaines activités telles que l'entretien des allées et les aménagements. Laquelle commune est déjà en surplus avec plus de 2000 travailleurs. " Si le secteur du bâtiment, les carrières et certaines professions libérales sont boudés par les demandeurs d'emploi, l'on ne peut expliquer le phénomène par de simples humeurs chez ces derniers. Parfois, zones de non droit par excellence où l'on affiche au grand jour le non respect des textes régissant les relations employeurs-employés, ces lieux ne font plus la joie d'une main-d'oeuvre exploitée, sous payée et non déclarée aux assurances sociales. Rencontrés au niveau de la place des Martyrs, un groupe de travailleurs journaliers se disent disposés à effectuer n'importe quelle tâche rémunérée sauf celle de manœuvre dans le secteur du bâtiment ou les carrières.
Quand l'investissement fait défaut
Tous ont fustigé les promoteurs locaux et révélé leur caractère de mauvais payeurs. Cette désaffection est aussi perceptible chez certains garçons de cafés, des employés du secteur du transport et les secrétaires de quelques avocats et des huissiers de justice. Dans le meilleur des cas, on débourse mensuellement la moitié du SNMG pour plus de huit heures de dur labeur. La secrétaire d'un avocat de renommée locale perçoit 4000 DA/mois alors qu'une autre ne dépasse jamais les 3000 DA avec comme argument principal avancé par leurs employeurs, en guise de parade : " Vous êtes mieux loties que celles employées dans le cadre du filet social ". Rien que pour la non déclaration aux assurances sociales, l'inspection du travail a introduit pour le premier semestre 2007 pas moins de 1 119 actions en justice ne contre des dizaines d'employeurs. Après la liquidation de la briqueterie de Zaârouria qui employait plus de 80 travailleurs et l'arrêt de production de l'usine du papier Papierosa (220 travailleurs), décidé par le groupe GIPEC (groupe industriel du papier et de la cellulose), c'est au tour d'autres entreprises publiques de subir avec résignation la compression des effectifs. Du coup, ce sont quelque 300 familles vivant déjà dans la précarité qui se trouvent réduites à une disette chronique. Le complexe lainier LASA qui réussit bon an mal an à décrocher des marchés et à maintenir un flux moyen de clients et de partenaires, est affecté par une vague de déstabilisation qui a réduit ses chances de recrutement, voire la préservation des 400 postes existants dans un secteur où la concurrence des produits importés a fait des siennes. Même destin pour l'EPSA (entreprise des peintures de Souk Ahras) qui emploie actuellement plus de 400 travailleurs et qui prévoit, quant à elle, une trêve sociale de 5 ans pour une inévitable privatisation prévue pour janvier 2008. L'investissement privé étant toujours en deçà des aspirations de la wilaya, les centaines de travailleurs compressés du secteur industriel et ceux des autres secteurs viendront, comme décrit plus haut, rejoindre les exclus du système éducatif et les nouvelles vagues des jeunes diplômés pour composer un indéchiffrable melting-pot de mécontents et de révoltés " caractériels " convertis en commerçants ambulants. Cet état des lieux a été commenté par le président de l'association UDC (Union pour le développement communautaire) Rouainia Faicel : " Ce que l'on désigne pompeusement comme zone industrielle à Souk Ahras n'est en fait qu'un terrain immense distribué dans les années 80 et 90 au profit de pseudos investisseurs pour récolter des années après des terrains vagues et des situations litigieuses dans le foncier, mais point d'investissement ou de création d'opportunités de décollage économique ". Concernant l'association qu'il préside, le même interlocuteur dira que cette dernière se charge de l'orientation des jeunes investisseurs à partir d'une banque de données que les membres de l'association mettent à jour, pointant par la même occasion un doigt accusateur vers les banques, tenues pour responsables du manque d'engouement pour la création de nouvelles entreprises constaté chez les jeunes.
Le dispositif Ansej et ses contraintes
Abondant dans le même sens, il reprochera à ces mêmes organismes financiers d'être à l'origine du blocage qui caractérise l'investissement dans le cadre de l'Ansej. Position confortée par les jeunes chômeurs qui ont jeté leur dévolu sur cette formule. " Je préfère l'investissement par le biais de l'agence au lieu d'une demande d'emploi qui sera renvoyée aux calendes grecques mais vu les atermoiements qui accompagnent l'étude et le classement des dossiers, je crois que l'on n'est pas sorti de l'auberge ", nous lance un jeune abordé à la sortie de l'agence Ansej . Un autre ajoutera : " Trop de pièces sont exigées pour que le dossier soit accepté dans une première étape par l'Ansej et c'est compréhensible pour que le postulant soit identifié et pour que le projet soit minutieusement étudié. Commencera ensuite une étape on ne peut plus pénalisante. Il s'agit d'une sempiternelle attente du passage du dossier devant la commission chargée de son étude au niveau de la banque ". Le directeur de l'agence Ansej à Souk Ahras nous a déclaré à ce sujet que les 279 dossiers déposés au niveau de l'agence, 271 ont été considérés éligibles dont 18 dossiers ont été financés par les banques locales, et ce, pour la période s'étalant entre le 1er janvier et le 30 août. Le président de l'association précitée nous a affirmé pour sa part que les autres dossiers croupissent encore dans les sous-sols des banques. Ces dernières contre lesquelles plusieurs postulants pestent, se défendent par le fait que le choix des projets est souvent peu judicieux, voire hasardeux. Un cadre banquier expliquera : " La banque est par définition un lieu ou l'on réalise des profits. Tout dossier doit être soumis à une étude technique pour évaluer les chances de réussite du projet. Il est tout à fait clair qu'une banque ne donne son aval qu'après étude approfondie et estimation des garanties proposées par le promoteur. Or, dans le cas de l'Ansej quelques postulants démarrent avec une vision peu objective de la chose et une idée on ne peut moins réaliste pour cette formule qui, nous en sommes sûrs, ne peut servir à favoriser l'assistanat ou le populisme dans un domaine où il s'agit d'argent de l'Etat ". Que le marché de l'emploi soit saturé ou simplement en mal d'organisation, décrocher un poste de travail est loin d'être à la portée des demandeurs dans une wilaya minée par les antagonismes, pénalisée par les mentalités de ses promoteurs et par la cupidité de quelques employeurs. Le tout à l' " insu " de ses propres enfants qui ne quittent le sérail que pour être relayés par une relève issue des quotas de leurs proches parents et souvent de la même tribu. Le reste n'est que bazar à ciel ouvert, vols, prolifération des flibustiers mendiants, déperditions scolaires, dégradation des mœurs et autres dépravations.


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