Les 30es Jeux olympiques de Londres baisseront rideau aujourd'hui avec la domination des Etats-Unis. L'Algérie termine à la 45e position au classement mondial et 2e du Monde arabe. La délégation algérienne regagnera le pays demain soir et sera reçue par le ministre Hachemi Djiar, en présence de la famille de Makhloufi, unique médaillé algérien aux JO-2012. La médaille de Makhloufi ne doit pas constituer l'arbre qui cache la forêt. Les responsables du sport algérien doivent revoir la stratégie de préparation des athlètes d'élite. Dans quelques heures, les 30es Olympiades auront vécu. Ce sera le moment de faire le bilan de la participation algérienne aux JO-2012. Une ligne suffira largement pour qualifier la «paerformance» algérienne. N'eut été l'exploit de Taoufik Makhloufi, médaille d'or au 1500 mètres, la délégation serait rentrée bredouille. Grâce à ce dernier, le fiasco total a été évité de justesse. Il semble que le sport algérien s'est durablement abonné à la faillite dans les compétitions majeures. Ses piètres résultats s'inscrivent en droite ligne de ses sorties ratées aux Jeux africains (Maputo) et arabes (Doha), où notre élite représentative est passée à côté de ses objectifs. Au retour des Jeux arabes de Doha, des voix s'étaient élevées pour tirer la sonnette d'alarme en prévision, justement, des Jeux olympiques 2012. Elles n'ont pas eu l'écho souhaité. Résultat des courses : une chétive moisson d'une médaille à Londres. Le sport algérien va droit dans le mur. Les prochaines échéances inscrites au programme s'annoncent sombres. L'Etat doit revoir de fond en comble sa stratégie sportive. Il fait fausse route depuis quelques décades. Le sport algérien a besoin d'une autre réforme. Des acteurs du mouvement sportif national ne cessent, depuis des années, d'appeler à un débat national sur le sujet. Tous les feux sont au rouge. La médaille d'or de Makhloufi ne peut atténuer ce constat. Le moment est venu de revoir toute la politique sportive. Le retour au premier plan passe, obligatoirement, par la mise en place de programmes ambitieux soutenus par des moyens appropriés. Le sport algérien a besoin, en même temps, de techniciens bien formés, d'infrastructures dignes de ce nom, de dirigeants de fédérations et d'associations compétents et intègres, d'une planification sur le long terme, d'un investissement sans retenue sur la jeunesse sans oublier d'éjecter tous les parasites qui polluent l'atmosphère du sport. C'est un chantier qui nécessitera du temps, de la patience et des moyens. Le chapitre le plus important de ce projet sera celui de l'investissement dans la formation et l'infrastructure, qui reste l'outil indispensable pour former des champions. Les pays qui trustent les médailles et les titres en sport sont ceux qui disposent d'infrastructures en nombre et de qualité. Un champion se prépare depuis ses débuts sportifs. Actuellement, l'Algérie n'offre pas les garanties d'une bonne prise en charge des athlètes. Les centres de préparation se comptent sur les doigts d'une seule main et sont loin d'être très fonctionnels, à l'instar de ceux des autres pays où les athlètes se préparent. Ne parlons pas des piscines qui existent en nombre insuffisant, ni des salles de sport qui souvent n'ont de salle que le nom. Les salles de boxe, par exemple, n'offrent aucun confort et ressemblent parfois à des grottes où les pugilistes sont obligés de faire leurs gammes sans aucune garantie de prendre une douche chaude en fin d'entraînement. Que dire des pistes d'athlétisme qui ne répondent pas toujours aux normes ? Aucune discipline sportive n'est à l'abri de ce type d'aléas. On ne pourra véritablement parler de politique sportive que le jour où dans chaque ville d'Algérie, il y aura deux, voire plusieurs terrains de football réglementaires, autant de salles de sports, de piscines, de gymnases, de terrains de sport collectif (handball, basket, volley), de vélodromes pour les cyclistes, de postes d'athlétisme, de salles de récupération et de soins, de centres d'hébergement, du matériel propre à chaque discipline, un encadrement technique qualifié, des aides financières conséquentes et un pouvoir de contrôle de la part de l'ordonnateur (MJS). L'environnement sportif doit être assaini dès le départ afin de le prémunir de toutes les nuisances qui freinent son épanouissement. Le bricolage, la corruption, le dopage sont des fléaux qui anéantiront tous les efforts s'ils ne sont pas éradiqués à la base. L'erreur serait de se gargariser de la seule médaille décrochée par Taoufik Makhloufi aux JO de Londres où la participation algérienne a été catastrophique. C'est cela, la terrible réalité du sport algérien, qui a la chance de compter dans ses rangs une hirondelle qui a sauvé la mise à Londres. Le sport algérien a besoin d'une sérieuse remise en cause. Les premières déclarations des officiels qui ont suivi la performance de Makhloufi ne sont pas bon signe. La réalité continue d'être occultée.