Naïrouz Benzeggouta, chercheur à l'université de M'sila, s'intéresse particulièrement à l'aromathérapie en Islam. Elle note avec beaucoup de précision les paroles et gestes du Prophète Mohamed (QSSSL) qui, dans ses habitudes et ses consignes, laisse transparaître une vraie passion pour le parfum. Selon cette scientifique rencontrée lors d'un séminaire sur les plantes médicinales, organisé l'année dernière par l'université de Ouargla, l'Islam n'a pas restreint l'usage du parfum au culte, à la différence des moralistes chrétiens qui en condamnaient l'usage personnel à la même époque. Bien au contraire, la bonne odeur et les aromates sont signes de pureté et de civisme en Islam. Notre chercheuse affirme que la science moderne a prouvé que l'odeur agréable qui s'exhale de certains organes végétaux est due aux matières actives, telles que les phénols et les terpènes, qui sont de puissants antiseptiques, et bien d'autres substances volatiles odorantes, douées aussi, selon les cas, de différentes propriétés thérapeutiques : balsamiques, antirhumatismales, circulatoires, toniques, antifongiques, antivirales… Après la découverte du monde bactérien, les scientifiques ont tenté de trouver des remèdes appropriés dans une série de molécules actives issues de plantes médicinales, donnant naissance en 1928 à la phytothérapie et l'aromathérapie, quand René Maurice Gatte Fossé, travaillant sur les parfums, a plongé par réflexe sa main brûlée dans le premier liquide à proximité de l'huile essentielle de lavande, et nota une guérison rapide et sans infection. Il étudia donc les propriétés de ces huiles de façon approfondie, puis publia son livre intitulé Aromathérapie, où il démontre les relations entre les structures et les activités des composants aromatiques et codifie les huiles essentielles selon leurs propriétés. Cet ouvrage a marqué le début d'un intérêt croissant de la médecine pour cette forme de thérapeutique, et ne fait que s'amplifier, tant dans les applications déjà connues, que dans la recherche de nouvelles possibilités. L'aromathérapie désigne, donc, l'emploi thérapeutique exclusif des huiles essentielles en usage interne par absorption ou en usage externe. L'effet antibactérien est le plus marquant, conclut Naïrouz Benzeggouta, qui souligne que la plus ancienne description des effets antimicrobiens des épices a été faite par Antony van Leeuwenhoek en 1676 et qu'entre 1954 et 1956, Kellner et Kobert ont publié une étude sur l'action de 175 huiles essentielles contre 8 bactéries aérobies et champignons. En 1987, Deininger et Lembke prouvent l'activité antivirale des huiles essentielles et leurs composés isolés. L'effet des huiles essentielles et des arômes sur la dépression et l'anxiété a été étudié entre 1960 et 1964 par le Pr Paolo Rovesti, qui a été capable de montrer qu'on peut guérir par l'inhalation des huiles de certaines plantes ces troubles psychiques. En 1974, Deininger fournit des preuves cliniques, en double aveugle sur l'efficacité des huiles essentielles pour les déséquilibres du système nerveux autonome. Les essences de plantes sont donc réputées pour leurs multiples vertus sur plusieurs maladies contemporaines. Mais qu'en est-il de l'Islam ? Outre les femmes et la prière, le Prophète Mohamed (QSSSL) s'est ouvertement exprimé sur le sujet et parlé de son amour pour le parfum et son souhait de l'utiliser après chaque toilette, il avait une préférence pour le musc. A son époque, les parfums utilisés étaient constitués de principes naturels issus de plantes médicinales, de minéraux ou d'organes d'animaux. En analysant ces Hadiths, les bienfaits dans l'usage du parfum se révèlent à nous, surtout que l'Islam est connu pour sa démarche préventive, c'est-à-dire veiller à éviter les maladies, surtout microbiennes, avant leur apparition. L'usage du parfum n'est donc pas une chose banale, mais induit, selon la pratique du Prophète et des musulmans de l'époque, un effet sur la santé physique et psychique par l'évaporation des principes volatils constitutifs qui donnent une sensation de relaxation et de paix de l'âme. L'effet bactériostatique et bactéricide des molécules volatiles que peut contenir un parfum à l'état vapeur sur les microbes du corps humain ou ceux environnants, est un élément important de prévention des maladies infectieuses et c'est ce qui permet au parfum d'avoir un effet thérapeutique lorsqu'il est utilisé continuellement sans abus ! Voici donc, selon Naïrouz Benzeggouta, un miracle du Prophète Mohamed (QSSSL), à une époque où la science était limitée. L'autre caractéristique des parfums, que l'on retrouve dans la pratique du Prophète de l'Islam, est la mise en évidence de parfums à odeur et ceux à couleur. Selon les termes d'un Hadith, pour les hommes, le parfum se caractérise par la présence d'une odeur et l'absence de couleur, alors que celui des femmes se caractérise par la présence de la couleur et l'absence de l'odeur. Les produits les plus utilisés à l'époque comme colorants et parfums étaient : le safran, le carthame, le curcuma, etc. Or, en cherchant de nouveau dans l'histoire de la microbiologie, une étape très importante nous arrête, c'est l'utilisation, en 1891, des colorants qui est à la base du développement de la Chimiothérapie anti-infectieuse par le Dr Paul Ehrlich, médecin allemand qui avait étudié les effets biologiques du bleu de méthylène, comme antiseptique interne chez un patient atteint de paludisme. La phytochimie démontre de nos jours l'existence de molécules colorées possédant des effets thérapeutiques et des effets antibactériens et l'action bénéfique de plusieurs couleurs sur l'humeur est prouvée. C'est cela même qui est mentionné dans la Sunna, selon Naïrouz Benzeggouta, qui conclut que l'usage régulier du parfum par les musulmans a été recommandé à bon escient par le Prophète, une marque de civisme de la personne et une mise à profit des vertus médicinales du parfum, avant que la science ne puisse les connaître. C'est un miracle prouvant encore que Mohamed (QSSSL) est un Prophète et que ses paroles viennent de Dieu.