Visiblement, la détention de Abderrazak El Para par le mouvement des rebelles tchadiens au nord du Tibesti est devenue un véritable casse-tête. Recherché par l'Algérie, l'Allemagne et les Etats-Unis, cet émir du GSPC de l'est du pays, puis du Sud, auteur de l'enlèvement des 32 touristes occidentaux vers la fin de l'année 2002, libérés après le paiement d'une rançon par le gouvernement allemand, est devenu un prisonnier encombrant, mais stratégique pour le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT). Encombrant, parce que le GSPC est une organisation classée sur la liste des groupes terroristes pourchassés dans le monde par les Etats-Unis. Stratégique, du fait qu'il pourrait servir de monnaie d'échange contre une reconnaissance politique internationale du mouvement. Dans le reportage réalisé par le journaliste français Patrick Forestier et diffusé jeudi soir sur France 2, Abderrazak El Para est apparu très serein. L'élément nouveau dans ce reportage reste indéniablement la déclaration du premier responsable de ce mouvement. « Que les pays intéressés par El Para viennent le récupérer, car il détient des informations importantes qui pourraient aider à démanteler des réseaux et même à déjouer des attentats... » Abderrazak El Para et ses 14 compagnons ont des liens avec Ayman Zawahiri, n° 2 d'Al Qaîda, et proche collaborateur de Ben Laden, ainsi qu'avec des combattants tchétchènes. « Nous avons retrouvé un carnet d'adresses qui ne le quittait pas, comportant des numéros de téléphone et des contacts à travers de nombreux pays. Ce sont d'importantes informations qui n'attendent qu' à être exploitées... », a révélé devant les caméras le responsable du MDJT comme pour prouver qu'il détient une mine de renseignements sur les liens qu'entretenait le GSPC avec Al Qaîda. Mais la livraison d'El Para à un quelconque pays impliquerait nécessairement une reconnaissance politique de ce mouvement, reconnu jusqu'à aujourd'hui comme étant une organisation rebelle. Venir jusqu'au nord du Tibesti pour récupérer El Para et ce même si des pays tiers acceptent d'être des intermédiaires passe inévitablement par la violation de l'espace aérien tchadien. Ce que le gouvernement de N'Djaména ne tolérera jamais. D'ailleurs, l'on se rappelle de la réaction virulente des autorités tchadiennes à la suite des déclarations de Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, relatives aux négociations avec le MDJT pour livrer à l'Algérie El Para et ses compagnons. Dans le reportage de Patrick Forestier, les discussions avec les membres du GSPC et leur chef ont été très courtes pour ne pas dire sans exclusivité pour les téléspectateurs, notamment algériens. Les rares révélations sont déjà connues par le public, même si elles sont faites pour la première fois par les concernés eux-mêmes, à savoir le paiement de la rançon par le gouvernement allemand pour la libération des otages, ou le lien entre Al Qaîda et le GSPC.