Ancien parachutiste, déserteur des rangs de l'ANP, le chef terroriste s'est illustré au mois de décembre 2002 par l'enlèvement de 32 touristes occidentaux au sud du pays. Enlèvement qui a tenu l'opinion publique en haleine pendant près de cinq mois, durant lesquels un premier groupe de dix-sept otages a été libéré par les troupes de l'ANP à Tamanrasset, alors que le second groupe a été forcé de suivre les ravisseurs jusqu'au nord du Mali, à Kidal, où il a été libéré en contrepartie du paiement par le gouvernement allemand d'une rançon de plus de 5 millions d'euros. Avec cet argent, Le Para a renforcé son organisation militairement, matériellement et humainement. De 80 éléments, elle est passée à plus de 200 terroristes lourdement armés. Des liens de mariage avec les filles des notables de Kidal ont permis à cette organisation affiliée à Al Qaïda une meilleure protection dans la région. Une situation qui a fait craindre aux Etats, notamment les USA, la création d'un deuxième Afghanistan dans la région du Sahel. Le Para et ses troupes ont fini par quitter Kidal sous la pression des chefs de tribus soumis à de fortes pressions, notamment américaines. Ils ont rejoint le nord du Niger où ils ont subi de lourdes pertes à la suite de l'offensive menée par l'armée nigérienne. Seulement une centaine d'éléments et à leur tête Le Para ont pu survivre à cette opération militaire. Suivi à la trace par des satellites de surveillance américains, le groupe a été intercepté par l'Armée tchadienne. Encore une fois, il a perdu un grand nombre de ses éléments. Moins d'une vingtaine de terroristes seulement ont réussi à fuir les bombardements des forces tchadiennes, mais quelques jours plus tard, ils ont été arrêtés par les combattants du MDJT et mis en prison dans un camp à Tibesti. Le différend Une aubaine que cette organisation non reconnue par la communauté internationale a voulu exploiter pour revendiquer sa légitimité. Des contacts avec les autorités libyennes ont été entrepris afin de demander aux Etats intéressés par Abderrazak Le Para de se déplacer à Tibesti pour le récupérer. « Nous étions en contact avec l'Algérie depuis le 27 mars dernier, le principe d'exfiltration est acquis depuis cette date, mais il restait à mettre sur pied l'aspect technique de ce transfert », a déclaré M. Radjab-Dazi dans un entretien à un journal français. Dans une déclaration à la presse, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a déclaré que des négociations pour l'extradition de Ammar Saïfi sont en cours pour que ce dernier et ses acolytes « soient jugés en Algérie ». Des propos qui ont vite fait réagir avec virulence le gouvernement de N'Djamena, lequel a convoqué l'ambassadeur d'Algérie pour des explications. Ce qui a compliqué davantage l'extradition de Abderrazak Le Para et de ses compagnons. L'été dernier, une autre polémique a éclaté entre Tripoli et le MDJT à la suite d'un différend sur le transfert des membres du GSPC vers la frontière tchado-libyenne. Le MDJT a accusé la Libye de l'avoir « trahi en tuant les deux éléments du GSPC qu'il avait laissé partir en signe de bonne volonté pour la libération de l'ensemble du groupe détenu ». Tripoli a démenti cette information en affirmant que ses forces de sécurité ont tué deux personnes qui tentaient de franchir la ligne de sa frontière avec le Tchad. Les autorités libyennes « ont donné un ultimatum de 48 heures pour livrer les terroristes qu'il détient, au-delà duquel elles ont menacé de couper toutes les vivres au mouvement et de passer à l'offensive militaire ». Quelques semaines plus tard, le porte-parole du département d'Etat américain, Richard Boucher, a estimé que Le Para « doit être remis aux autorités algériennes » et affirmé que le mouvement indépendantiste tchadien voulait « vendre El Para aux enchères », dans la perspective, vraisemblablement, de l'échanger contre une rançon. Une information qui a trouvé son explication dans les tergiversations du MJDT dans le principal souci, au-delà de l'aspect financier, est de se faire une « légitimité » et une reconnaissance internationale. Motif pour lequel les pays sollicités, notamment l'Algérie et l'Allemagne, avaient refusé « le marché ». C'est visiblement les autorités libyennes qui ont poursuivi leurs efforts pour arriver à l'exfiltration du chef du GSPC, ne serait-ce que pour démontrer aux Américains leur bonne volonté à renoncer au soutien aux groupes terroristes. Dans un communiqué signé le 14 octobre dernier, Abou Mossaâb Abdelouadoud, nouveau chef du GSPC, a menacé de représailles le MDJT, le sommant de « libérer immédiatement et sans conditions le frère Abderrezak ». Il a considéré que le MDJT lui « a déclaré la guerre par cette agression grave contre l'un de ses symboles et de ses chefs » et s'est déclaré « prêt à rendre coup pour coup ». Moins de deux semaines plus tard, Le Para a été livré par le MDJT aux autorités libyennes pour être conduit en Algérie. Reste à savoir si Le Para, de par son statut d'ancien militaire déserteur, sera déféré devant un tribunal militaire ou civil pour les crimes qu'il a commis depuis 1992, notamment les nombreux assassinats de militaires lorsqu'il était émir de la zone est du pays. Le ministre de l'Intérieur avait précisé, dans une déclaration à la presse, qu'il ne présentait pas une grande importance en matière de renseignements sur le GSPC du fait qu'il a passé presque deux ans à l'extérieur du pays. Néanmoins, son incarcération intervient au moment où le GSPC connaît une véritable déconfiture avec sa décapitation à Béjaïa au mois de juillet dernier.