Les terroristes veulent récupérer leur chef pris en otage par les rebelles du Tibesti. Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a, dans un communiqué daté de jeudi 14 octobre, sommé le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT) de libérer Abderrazak El-Para et son groupe sous peine de représailles. “Nous appelons (ce mouvement) à le libérer immédiatement et sans conditions. Nous sommes prêts à riposter en temps opportun et de la manière que nous jugerons la plus appropriée”, lit-on dans le communiqué, signé du nouveau chef Abou Massaâb Abdoulouadoud. Furax, l'“émir” considère que “le MDJT a déclaré la guerre au GSPC par l'agression de l'un de ses symboles et dirigeants, sachant qu'il n'a pas de dividendes à en tirer du fait de sa nature de mouvement rebelle”. Le MDJT est traité de “bande de criminels”, auteur d'un “acte criminel injustifié”. Abou Massaâb, désigné le 6 août dernier à la tête du groupe terroriste salafiste, avoue ignorer les circonstances de l'arrestation d'El-Para mais il soupçonne les services secrets français d'y être impliqués. Il affirme que si le GSPC n'avait pas réagi à temps, c'est “en raison des conditions difficiles qu'il a endurées”. Dans ce communiqué, Abderrazak El-Para est désigné sous le nom de “Abou Haïdara Abderrazak, émir de la zone V (Batna, ndlr)”. Le numéro 2 de l'organisation terroriste, ancien membre d'élite de l'armée au sein des troupes aéroportées de Biskra, est détenu, depuis la mi-mars 2004, en compagnie de 16 autres éléments, par les rebelles toubous dans le massif du Tibesti, au nord du Tchad. Ils ont été capturés dans le désert sans livrer bataille, assoiffés et affaiblis. Depuis, ils sont entre les mains de ces anciens militaires tchadiens, hostiles au régime du président Idriss Deby, qui ne savent plus à qui pouvoir les livrer. Les captifs étaient, quelques mois plus tôt, des… ravisseurs. Ils avaient pris en otage, entre mars et août 2003, 32 touristes européens dans le désert d'Illizi. 17 d'entre eux furent libérés par l'Armée nationale, le 13 mai 2003, au terme d'une opération spectaculaire, et les 14 autres libérés le 18 août au Mali, au terme de tractations conclues par le paiement — par le gouvernement allemand — d'une rançon de 5 millions d'euros. Leur détention par le mouvement rebelle a failli créer un motif de tension entre Alger et N'Djamena. Les autorités tchadiennes ont cru savoir que leurs homologues algériennes étaient entrées en négociations secrètes avec le MDJT pour obtenir l'extradition des terroristes. Elles avaient contesté, convoquant l'ambassadeur d'Algérie à N'Djamena pour des explications. Le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, avait fait état de “discussions” avec les rebelles, avant de se rétracter. Le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, ont dû se déployer afin de lever l'équivoque : “Nous n'avons jamais et n'avons pas l'intention de négocier avec des rebelles.” Quelques jours auparavant, le vice-président du MDJT à l'extérieur, Mahmat Mahdi, déclarait à Liberté : “Nous avons proposé aux Algériens de venir les chercher directement de nos bases au Tchad. Mais le gouvernement algérien, ne voulant pas transgresser le droit international, a demandé de les livrer à la frontière nigérienne, ce qui était impossible.” Jeudi dernier, en marge de la réunion intergouvernementale sur le terrorisme en Afrique, tenue à Alger, le ministre tchadien de la Défense a affirmé que le territoire du Tibesti était entièrement contrôlé par le MDJT. L. B.