L'Algérie veut rattraper en cinq années une grave crise de désinvestissement dans le secteur de l'énergie électrique qui aura duré plus d'une décennie. Le plan d'urgence consiste à doubler le volume de l'électricité produite d'ici 2017. Ali Hached, conseiller du ministre de l'Energie et des Mines, a détaillé, hier, le plan d'urgence qui consiste, en un mot, à doubler le volume de l'électricité produite d'ici 2017. Il est donc question de porter la puissance de l'électricité produite, estimée actuellement à près de 12 000 mégawatts, à 24 000 mégawatts à l'horizon 2017. L'été aura été chaud cette année. Le dossier de l'électricité aussi. Les coupures récurrentes et les justificatifs jusqu'ici peu convaincants des responsables du groupe Sonelgaz ont pesé sur le moral des citoyens. Afin d'apaiser le courroux des Algériens qui n'ont pas hésité, comme à l'accoutumée, à investir la rue, le ministre de l'Energie et des Mines est intervenu pour annoncer succinctement le lancement de plusieurs investissements mis en veille depuis des années. Hier, c'était au tour de son conseiller, Ali Hached en l'occurrence, de détailler techniquement le plan d'investissement concocté dans les cuisines du ministère. Ali Hached a tenté d'abord de situer les tares : «Accroissement important de la demande en énergie électrique et retards dans la réalisation des projets censés rehausser le niveau de production et son transport.» Pour enrayer les coupures répétitives, il sera procédé dès l'année prochaine à l'injection de quantités supplémentaires sur le réseau, tout en s'investissant dans l'amélioration et la consolidation des interconnexions nationales transportant l'énergie électrique. La nouvelle puissance attendue à l'horizon 2017, soit 12 000 mégawatts en cinq ans, proviendra à hauteur de 40% d'un système de production par le moyen de turbines à gaz, tandis que les 60% restants seront générés suivant une mixture de ressources. Un plan d'investissement d'urgence Le gisement solaire fournira une capacité de production supplémentaire de 800 mégawatts à l'horizon 2017, a indiqué Ali Hached, lors d'un point de presse organisé, hier, dans les locaux du journal El Moudjahid. Le gouvernement, sous la pression de la rue, semble avoir pris conscience qu'il était temps d'intervenir en amont, dépourvu en moyens et infrastructures de production pour pouvoir faire face aujourd'hui à une demande plus que jamais croissante. Les options d'ultralibéralisme de Chakib Khelil, l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, comprises dans la loi du 22 février 2002 relative à l'électricité et à la distribution du gaz par canalisations, auront été catastrophiques pour le pays. Sonelgaz, en attente d'investisseurs privés depuis toutes ces années, a été rattrapé par une demande galopante. D'où la décision de tourner la page de l'ère Khelil en redonnant à César ce qui appartient à César. S'il est vrai que Sonelgaz est techniquement une entreprise en faillite, plombée par les créances, la tarification peu rentable de l'électricité et les engagements auprès des banques, le gouvernement n'a de choix que de miser sur le même cheval. Outre les investissements prévus dans la production, Ali Hached a annoncé qu'il est également question de construire un réseau de 15 000 km d'ici 2017 pour se doter, à cette même échéance, d'un réseau performant de 35 000 km. Le plan d'investissement d'urgence 2012-2017 comprend également la réalisation de 350 nouveaux postes de transformation pour porter ainsi la logistique à 600 postes à l'horizon 2017. A long terme, soit à l'horizon 2030, le programme national de développement des énergies renouvelables devrait apporter au réseau une puissance supplémentaire de 12 000 mégawatts, dont 10 000 destinés à l'exportation «sous réserve de l'ouverture du marché européen de l'électricité et une meilleure rentabilité des investissements», précise Ali Hached. Pour lui, l'option du nucléaire est envisageable à long terme, d'autant plus que l'Algérie recèle d'importantes réserves d'uranium. La part du nucléaire dans la production globale de l'électricité pourrait représenter 10 à 15%, d'après l'orateur, pour peu que cette option soit mise en œuvre. En somme, le pays est appelé à injecter environ 20 milliards d'euros d'ici 2017 pour se doter d'une capacité supplémentaire de 12 000 MW et d'un réseau de transport performant. Le projet est d'une importance capitale pour garantir une couverture suffisante des besoins.