Tous les regards seront braqués aujourd'hui sur Ksar El Boukhari, au sud de Médéa. Cette commune, qui semble sombrer dans le chaos et l'anonymat, abritera aujourd'hui le procès de Abdelkader Kherba, militant de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) et membre du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC). Il sera jugé, au tribunal de cette ville, pour «outrage à corps constitué». Son jugement ne se passera donc pas sous silence, d'autant qu'il s'agit d'une personne connue pour son militantisme. Ainsi, des militants des droits de l'homme ainsi que de simples citoyens ont décidé d'organiser un sit-in devant de tribunal de Ksar El Boukhari en signe de soutien à la «cause» de Abdelkader Kherba. Ce dernier a été, rappelons-le, arrêté le 21 août dernier par la police à Ksar El Boukhari après une altercation avec des éléments de ce corps. Au moment où il filmait une manifestation de citoyens qui dénonçaient, devant du siège local de l'Algérienne des eaux, une inquiétante et récurrente pénurie d'eau, des policiers ont voulu lui enlever, avec force, sa caméra. Se sentant victime d'une répression, il a décidé d'entamer une grève de la faim afin de protester contre son arrestation «abusive». A la veille de son jugement, son état de santé serait, d'après ses proches, inquiétant. Pour rappel, le bureau de la Laddh de Médéa a exprimé publiquement, dimanche, son soutien à Abdelkader Kherba, tout en condamnant son arrestation. A travers un communiqué, le bureau de la Laddh s'est montré outré par ce genre de «dépassements dangereux commis à l'encontre de citoyens algériens dont le tort est de défendre les droits et les libertés». Abdelkader Kherba avait déjà été mis en détention le 18 mai dernier parce qu'il avait exprimé son soutien aux greffiers en grève de la faim, en participant à leur rassemblement devant le tribunal de Sidi M'hamed (Alger). Ce qui lui avait valu une condamnation d'un an de prison avec sursis assortie d'une amende de 20 000 DA. Depuis, un grand mouvement de solidarité, notamment via le réseau social facebook, a été créé afin de défendre un défenseur des droits de l'homme.