Gérard Colomb, le sénateur-maire de Lyon, livre en exclusivité à El Watan ses impressions et ambitions à l'occasion de son déplacement à Sétif, où il paraphera le protocole de coopération devant lier Lyon à la capitale des Hauts-Plateaux. Quelles sont les opportunités de partenariat qui peuvent être saisies par les deux villes ? Il est important pour la France, et pour l'Europe, que l'Algérie, avec qui nous partageons une histoire et un destin communs, se développe. Je suis d'autant plus sensible aux différentes formes de coopération entre Sétif et Lyon que bon nombre de Lyonnaises et de Lyonnais originaires d'Algérie sont natifs de Sétif et y gardent de fortes attaches familiales et affectives. La plus formidable des opportunités est bien celle de ce lien fraternel qui nous unit. Les possibilités de partenariat sont nombreuses, tant en termes de gestion urbaine, notamment en ce qui concerne les transports et les déplacements, d'échanges universitaires, de recherche, de vie culturelle que de relations économiques. Le protocole de coopération que nous allons signer permettra à nos deux villes de s'engager à encourager et faciliter les échanges et les initiatives dans ces différents domaines. Quels sont les domaines prioritaires que vous envisagez de développer ? Nous allons engager des actions de coopération par des échanges d'expériences et de savoir-faire dans le domaine des transports et des déplacements urbains. Il s'agit du domaine dans lequel les actions de partenariat peuvent être rapidement les plus fructueuses et apporter la plus grande plus-value. Les services de la communauté urbaine de Lyon et de la ville de Lyon, en charge des déplacements et transports urbains, vont étudier en étroite collaboration avec leurs homologues sétifiens les voies et les moyens à mettre en œuvre afin de procéder à la modernisation du réseau des transports urbains de la commune de Sétif. Les échanges vont se faire à plusieurs niveaux. Premièrement, à un niveau organisationnel, les services de la communauté urbaine de Lyon contribueront à accompagner la wilaya de Sétif dans la structuration des services et des missions dédiés à la mise en œuvre d'un développement durable des transports publics de la ville (...). Deuxièmement, à un niveau plus opérationnel, ils conseilleront la wilaya de Sétif pour l'engagement concret d'un projet d'infrastructures (notamment en ce qui concerne la création d'un réseau de tramways dans la ville) et pour la mise en œuvre d'un système de gestion adapté aux infrastructures et au réseau de transports publics. La compétence de Lyon n'est plus à prouver. De fait, cette année, le réseau de transports en commun de l'agglomération lyonnaise vient d'être classé premier par le magazine Ville et transports qui lui a décerné le Ticket d'or 2005, récompensant le meilleur réseau français (...). Le développement économique que connaît Sétif aujourd'hui attire les investisseurs. Les nombreux contacts qui seront pris à cette occasion et la volonté de construire des partenariats solides entre Lyon et Sétif faciliteront, j'en suis intimement convaincu, les initiatives et les échanges économiques. N'y a-t-il pas de risque que les recommandations du protocole de coopération demeurent, à l'instar des traditionnels jumelages, sans suite ? Vous avez raison, trop souvent ce type de protocole en reste à une belle protestation d'intention(...). Je ne suis pas homme à me payer de mots et je préfère les actes aux discours. Aussi bien à Sétif qu'à Lyon, pour être certain que les engagements seront suivis d'effets, nous avons souhaité ne pas nous disperser dans des domaines d'échanges trop divers, mais nous avons préféré concentrer nos efforts sur un domaine d'action précis. Les services vont commencer à travailler immédiatement puisqu'un technicien de la communauté urbaine de Lyon va rester deux jours après la mission officielle pour collaborer avec les équipes techniques des transports. La controversée loi du 23 février 2005 envenime quelque peu les relations entre la France et l'Algérie. Quel est votre sentiment à propos d'un sujet qui freine la signature du traité d'amitié ? Le traité d'amitié devait être signé fin 2005, mais cette loi a, en effet, retardé la signature. Pourtant, la volonté de signer ce traité reste forte des deux côtés de la Méditerranée. La reconnaissance du passé est une priorité pour pouvoir avancer vers une nouvelle dynamique d'échanges. D'ailleurs, la visite de l'ambassadeur à Sétif en mars 2005 et la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945 est une étape importante. La France se doit aujourd'hui de prendre des initiatives fortes pour contribuer au développement du bassin méditerranéen en général et de l'Algérie en particulier. L'intérêt des deux peuples doit effectivement se comprendre en termes économiques, mais aussi en termes humains. J'ai bon espoir que les coopérations économiques lanceront une dynamique de partenariat plus large...