Les petites maisons alsaciennes apparaissent depuis le hublo de l'avion comme des grains de beauté éparpillés sur les étendues verdâtres de la campagne strasbourgeoise. Les toitures en tuiles rouges ou grises, les vérandas et les petits jardins sont l'une des particularités de ces demeures. Car il y a aussi les façades qui sont uniques avec des motifs particuliers incluant beaucoup de bois et de couleurs. A ce style d'architecture, l'aéroport international de Strasbourg-Entzhein ne fait pas exception. Il est conçu sous la forme d'une grande maison alsacienne du moins de l'extérieur, question de donner, semble-t-il, au premier venu le premier parfum de la région. Tramway nommé désir En ce début du mois de juin, le temps est aux moissons dans la campagne. Tout le long du chemin qui nous conduit vers Illkirch-Graffenstaden pour prendre le tramway au centre-ville, nous pouvons apercevoir sur les à-côtés de la route les paysans rouler le foin ou traire leurs troupeaux. L'agriculture est très développée dans la région. Particulièrement la viticulture et la culture du houblon, matière essentielle à la fabrication de la bière qui fait la renommée non seulement de Strasbourg où sont implantées les plus grandes brasseries mais de toute la région de l'Alsace. Durant ce mois, la ville de Strasbourg attend deux événements d'une grande importance. Le premier est la tenue des élections parlementaires européennes, importantes pour la ville puisqu'elle abrite le siège du Parlement européen, mais aussi celles de la Cour européenne des droits de l'homme et du Conseil de l'Europe, ce qui lui procure d'ailleurs le statut de ville européenne. Faîtes la fête Le second événement est, quant à lui, la Fête de la musique de 21 juin dernier. Si les habitants ont manifesté un faible intérêt pour les élections, cela n'a pas été le cas pour la Fête de la musique. Durant toute la soirée, la ville aura connu un mouvement impressionnant des habitants et des touristes. Des scènes sont installées un peu partout sur les placettes de la ville et différents groupes se sont projetés jusqu'à l'aube. Du pop à la musique américano-latine en passant par le groupe des tambourins, Strasbourg a vécu les meilleurs moments de joie. Ou disons plutôt le pic de la joie puisqu'elle organise depuis le 23 avril dernier et jusqu'au 10 octobre prochain, le Festival des deux rives avec sa voisine allemande, la ville de Kehl. Cette manifestation se veut un geste de plus à la réconciliation franco-allemande sur les pourtours du Rhin, un fleuve qui est vu désormais non plus comme séparateur entre la France et l'Allemagne mais plutôt comme un rassembleur. « Il y a toute l'histoire de l'Europe (...) dans ce fleuve des guerriers et des penseurs, dans cette vague superbe qui fait bondir la France, dans ce murmure profond qui fait rêver l'Allemagne. Le Rhin réunit tout », écrit Victor Hugo. Et c'est cela l'esprit du festival. Chaque ville a un signe particulier qui la distingue. Strasbourg, elle, jouit de sa cathédrale. Celle-ci a été élevée sur les fondations d'une église romaine à partir de 1025. Ce n'est qu'en 1439 quelle fut terminée avec l'élévation d'une flèche de 142 m de hauteur. A cette époque, c'était l'édifice le plus haut d'Europe. Elle deviendra le symbole de la chrétienté au fil des ans. Ce sanctuaire avait fait l'objet de plusieurs incendies et a été reconstruit à plusieurs reprises. Il constitue, aujourd'hui, l'un des sites les plus attrayants de la ville. D'ailleurs, aller à Strasbourg sans se rendre sur le site de la cathédrale, c'est comme tout voir sauf l'essentiel. La ville de Strasbourg possède aussi l'un des plus beaux quartiers de France et qui porte justement le nom diminutif de Petite France. C'est un peu le vieux Strasbourg avec des petites maisons décorées de sculptures et de fleurs tout le long d'une partie du Rhin qui fait le tour de la ville. La Petite France est le quartier des restaurants, des brasseries et des vendeurs de souvenirs d'Alsace. Aujourd'hui, même si la ville s'est modernisée sur le plan architectural, les gestionnaires qui se sont succédé sur le trône local ont su préserver le cachet ancien de la ville. Bien au contraire. La collectivité locale, appuyée en cela par le conseil régional d'Alsace, initie la restauration de plusieurs monuments dans la ville dont la cathédrale. Bon à savoir, c'est à Strasbourg que Gutenberg inventa en 1439 les premiers éléments de l'imprimerie (lettres en plomb, presse). Une statue de l'imprimeur a été érigée non loin de la cathédrale sur une placette qui accueille, chaque jour, les bouquinistes de la région. Autant de symboles qui ont incité plus de la moitié des Strasbourgeois à passer, cette année, leurs vacances en Alsace. Comme quoi, ailleurs, ce n'est pas toujours meilleur.