Rien n'y fait. L'humain est désespérément humain. Fatalement humain. Ni le rationalisme ni le matérialisme n'ont réussi à faire disparaître la spiritualité. Surtout pas les objets s'y rattachant. Car, n'est-ce pas, on a tous un talisman. « Depuis les débuts de son histoire, l'homme a cherché à se prémunir des dangers multiples qui l'entouraient en recourant à des protections occultes. Qu'on les nomme amulettes, charmes, talismans, grigris, ces objets déclarés magiques sont censés éloigner les forces du mal et attirer, à l'inverse, des bienfaits en tous genres », explique Sheila Paine, spécialisée sur les sociétés tribales et le textile. Les pratiques ancestrales se perpétuent, en prenant différentes formes ou en demeurant sous sa forme originale. Car les formes sont diverses et variées. « D'une beauté élaborée ou d'une grande simplicité, ces porte-bonheur prennent des formes étonnamment diverses : pierres, coquillages, graines, en passant par les dents, les griffes ou la queue d'un animal, jusqu'aux perles, miroirs, et même compact-disc. » Maraboutage garanti. Aucune société n'a échappé aux porte-bonheur. Le mérite de Sheila Paine, c'est d'avoir exploré différentes croyances pour nous revenir avec plus de 400 photographies du monde entier. Car même à l'heure de l'Internet et des nouvelles technologies, nous demeurons tous (ou presque) quelque part superstitieux. Main de Fatma pour éloigner le mauvais œil, amulette pour faire revenir l'être cher, statue de la chance, les sociétés, corps et âme, ont su se protéger de leurs démons, des forces occultes qu'elles ont elles-mêmes créées. Pour ne pas sombrer dans la raison, la plus grande folie des hommes. La sagesse est ennuyeuse.