«Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l'argent ne se mange pas». Ce proverbe indien est, sans doute, loin de susciter une prise de conscience en Algérie si l'on tient compte de l'ampleur des dégâts entraînés par les feux de forêt qui ont dévasté de nombreuses régions du pays durant cette saison estivale. La wilaya de Tizi Ouzou, dont la couverture forestière représente près de 40% de la superficie totale de la wilaya, soit 112 000 hectares sur un total de 293 116 ha (dont 48 000 ha de forêts et 64 000 ha de maquis, selon la conservation des forêts), a subi un quasi-désastre durant les mois de juillet et août derniers. En effet, avec plus de 6700 hectares de couvert végétal réduit en cendres, cette région du pays aura vécu cette année un été incendiaire. Ainsi, durant près de moins de deux mois, les feux de forêt ravageaient chaque jour une moyenne de 200 ha entre arbres fruitiers, forêts, maquis et broussailles sans épargner aucune localité de la wilaya. Le constat que viennent de présenter les services de la conservation des forêts et ceux de la protection civile de la wilaya renseignent sur la gravité de la situation dans une région que les responsables locaux comptent désormais la déclarer wilaya sinistrée. En l'espace de 6 semaines, 382 foyers d'incendie ont été recensés à travers le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou. Devant l'ampleur des dégâts matériels et écologiques entraînés par ces incendies, l'assemblée populaire de wilaya a tenu mardi dernier une réunion spéciale avec, à l'ordre de jour, le débat sur les dégâts engendrés par les incendies de forêt. Un coup dur pour l'oléiculture Sur cette situation, le P/APW de Tizi Ouzou a déclaré que «des localités comme Bouzguene, Larba Nath Irathen, Mekla, Yakouren, Idjer, Aïn El Hammam, Aït Yahia Moussa, entre autres, vivent une triste réalité, où des vergers composés d'oliviers, figuiers et arbres fruitiers ont été entièrement ravagés par les flammes.» Du coup, c'est la filière oléicole qui vient de subir un coup de grâce avec plus de 36 000 oliviers dévorés par les flammes durant cette période charnière. Déjà vulnérable et en panne de modernisation, l'oléiculture dans la wilaya de Tizi Ouzou est en passe de traverser une phase de nette dégradation. Les producteurs de l'huile d'olive sont, à cet effet, unanimes quant à la récolte de la saison en cours qui est compromise. Il est utile de rappeler que la wilaya de Tizi Ouzou constitue le 3e bassin oléicole à l'échelle nationale après Béjaïa et Jijel. D'autres cultures arboricoles n'ont pas été à l'abri. Ainsi, le constat dressé par la conservation des forêts et les services de la protection civile fait ressortir qu'outre l'oliveraie de la wilaya, les feux ont ravagé plus de 6 hectares de cultures céréalières, plus de 4000 arbres fruitiers outre l'olivier et, dans le domaine de l'élevage, des pertes ont été enregistrées aussi au niveau des cheptels ovins, bovins et avicoles. Dans l'ensemble, les services de la wilaya ont estimé les pertes, dans leur globalité, à près de 800 millions de dinars.