La conférence internationale sur la migration tenue jeudi et vendredi à Bruxelles, coorganisée par la Belgique, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le soutien de l'UE et la Banque mondiale, a largement rempli sa mission, selon des observateurs. Elle a permis au moins d'identifier les principaux obstacles à une gestion juste, humaine et économiquement rentable pour tous les protagonistes : les migrants d'abord, les pays d'origine, les pays de transit comme les pays d'accueil. Les rapporteurs des conclusions de la rencontre, à savoir le ministre des Affaires étrangères belge Karel De Guhgt, le ministre de la Coopération Armand De Decker, le DG de l'OIM Brunson McKinley, le commissaire européen en charge des libertés, de la sécurité et de la justice, l'Italien Franco Frattini, ou encore le ministre belge de l'Intérieur ont répété, face au roi des Belges Albert II, qui a présidé la séance, que le problème des migrations est le principal défi de ce début de siècle. De son traitement dépendront la paix, la sécurité et la prospérité partagées dans le monde. « Si la migration représente un risque, elle peut et doit devenir un atout positif aussi bien pour les pays d'accueil que ceux d'origine », a déclaré M. De Decker. « La migration présente des défis, mais présente aussi des opportunités », a ajouté M. Frattini. Au-delà de ces affirmations d'ordre général, les experts venus des cinq continents ont conclu qu'il ne faut plus considérer la migration sous le seul aspect sécuritaire, pis encore, répressif. Sur le plan technique, beaucoup d'acteurs sont directement concernés par la gestion des flux migratoires. Les instances gouvernementales comme celles de la coopération, de la justice, des finances, de l'éducation et de la formation, de l'économie... doivent structurer leurs actions, de concert avec ceux des pays d'origine, pour une gestion démocratique et humaine des migrants. Les institutions internationales, telles l'ONU, l'UE, l'UA, l'ASEAN..., ont été appelées à se mobiliser sur la question. Enfin, le monde associatif et celui de la recherche dans leur grande variété ont été sollicités pour leur implication directe dans ce défi mondial. Les nombreux journalistes qui ont couvert l'événement ont senti une réelle prise de conscience de la dimension du problème. Comment peut-il en être autrement, lorsque le ministre belge de la Coopération cite l'exemple des 500 000 candidats à l'émigration clandestine, provenant de l'Afrique subsaharienne, qui attendent ces jours-ci aux frontières de la Mauritanie ? Comment peut-on oublier les drames de Ceuta et Melilla sur le territoire marocain ? La rencontre de Bruxelles va-t-elle déclencher le déclic dans la conscience internationale lors de la conférence internationale sur la migration prévue pour septembre prochain à New York ? A Bruxelles le consensus a été fait autour du lien entre le phénomène migratoire, tel qu'il se pose aujourd'hui, et l'avenir du développement et de la paix dans le monde. C'est par une formule d'espérance que le DG de l'OIM s'est adressé à l'assemblée : « La migration permettra qu'aucune région du monde ne reste exclue de la richesse du monde. » Inverser la perception conflictuelle et violente de la migration en une opportunité de dialogue et de tolérance, en un moyen de développement naturel induit par la logique implacable de la mondialisation. Les experts et politiques réunis à Bruxelles n'ont pas manqué de propositions et d'imagination pour enclencher le processus d'intégration des flux migratoires comme élément positif, appui au développement. Mise en réseaux des institutions nationales et internationales, intensification des modes de co-développement, captation des flux financiers des diasporas des migrants par des mesures incitatives, implication des migrants dans des projets culturels entre le pays d'origine et le pays d'accueil, redéfinition des notions de pays d'origine, pays d'accueil et pays de transit...