Le nettoyage, c'est bien ; s'il dure dans le temps, c'est mieux; et s'il n'oublie pas les sites archéologiques, c'est le nec plus ultra ! Si l'opération de nettoyage du chef-lieu de la wilaya de Guelma a été menée tambour battant et en grande pompe, il y a quelques jours, dans certaines cités et quartiers de la ville, les immondices continuent à s'accumuler dans des lieux supposés être la vitrine de Guelma. En effet, le spectacle est désolant. L'état de l'antique rempart de Calama, dont les fondations mêmes remontent à la période romaine puis byzantine, ou du moins les quelques vestiges qui en subsistent encore sur la rue Belhaoues Mohamed, la cité Benberkane Djamila ou la corniche qui surplombe le boulevard du Volontariat, résume, à lui seul, le mépris et l'absence d'intérêt des autorités locales sur ce qui constitue le patrimoine culturel de Guelma. «L'incivisme des habitants et le laisser-aller du service d'hygiène de l'APC de Guelma font tâche d'huile», nous a fait remarquer un homme d'un certain âge à la cité Benberkane Djamila, qui était médusé par le monticule d'immondices et autres déchets inertes qui ont littéralement englouti un angle et un pan entier de la muraille. En effet, en plus du mépris pour le patrimoine, c'est le danger des flammes qui émanent de cette décharge sauvage, laquelle, faut-il le souligner, est adossé au mur d'un important poste transformateur de la Sonelgaz. Selon des habitants que nous avons rencontrés sur place, cette situation dure depuis des années. «Tout le monde est au courant mais personne ne lève le petit doigt», nous dit-on. La muraille qui surplombe le marché des fruits et légumes du boulevard du Volontariat, n'est pas en reste, puisqu'elle a été transformée, par une certaine frange de la population, depuis de longues années, en décharge et urinoir. Et pourtant, il y a quelques jours, une opération de nettoyage, effectuée manu militari, avait ciblé le boulevard en question. Mais force est de croire, que les vestiges antiques n'intéressent personne. Bien sûr les autorités de la wilaya de Guelma se targuent d'avoir réussi cette «opération coup de poing». La dernière réunion du chef de l'exécutif, traitant précisément de ce thème avec les directions et services concernés, s'est déroulée en catimini le 11 du mois en cours. La presse n'a eu finalement droit qu'a trois feuilles volantes anonymes, écrites à la main, ne portant ni cachet ni quelconque signature, distribuées après coup par le cabinet du wali. Quoi qu'il en soit, il sera très difficile, voire impossible, aux autorités locales de Guelma de dissimuler des montagnes d'immondices.