Malgré l'insalubrité des lieux où l'on propose produits contrefaits et aliments avariés, nombreux sont les gens qui s'y rendent. Le boulevard Oumeddour Abdelaziz, situé à l'entrée ouest du chef-lieu de la wilaya de Guelma, accueille des centaines de camelots, vendeurs de viandes, rouge et blanche, fruits et légumes, fripe, etc. Ils s'installent tous les vendredis matin et proposent leur marchandise. Ce haut lieu de l'informel, de l'insalubrité et de l'arnaque, sévit en toute quiétude depuis une dizaine d'années, avec la bénédiction des autorités locales. Mais que cherche la population dans cette véritable poubelle géante, où l'on peut voir des produits contrefaits et autres bas de gamme, de la viande pas fraîche (eu égard aux odeurs) et des fruits et légumes avariés ? Force est de croire que le client n'est pas toujours vigilant sur sa santé. Sur les lieux, un camelot nous avoue franchement: «Je trouve mon compte chaque vendredi à Guelma en vendant des objets récupérés dans les décharges. Je me fais une recette de 1000 à 5 000 DA. Mes clients regardent, testent… mais l'achat est sans retour. Ils y trouvent leur bonheur, et moi aussi.» D'autre part, la viande, blanche et rouge, non estampillée, accrochée à une esse sur un étalage de fortune, inspire plutôt le dégoût que l'envie. Et pourtant, elle s'écoule comme des petits pains. «Sur ce coup l'inconscience des gens a atteint son paroxysme», s'indigne un passant. «Ils achètent 300 DA moins cher le kilogramme de viande, mais au final, ils payeront la grosse facture chez le pharmacien», ajoute-il. En tout état de cause, ce marché génère de gros problèmes de circulation. Les agents de police en faction, dont le rôle est réduit à sa plus simple expression, tentent d'organiser la circulation routière en amont du marché en question, plus exactement au niveau du rond- point qui s'ouvre sur la RN 81 menant à Sedrata (wilaya de Souk Ahras). «Le bouchon du vendredi matin est inévitable», fait remarquer un camionneur, qui ajoute: «Ce boulevard est l'unique sens pour les poids lourds, notamment pour ceux qui viennent de Souk Ahras, Annaba ou Constantine en direction de Sedrata.» Et de conclure: «Les plus intelligents font coïncider cette étape avec l'après-midi pour trouver la voie libre.» Le même problème se pose pour le transport sanitaire; les ambulances sur cet axe routier sont freinées dans leur mission. Quoi qu'il en soit, la situation ne semble pas choquer les autorités concernées. Le marché hebdomadaire fait partie du quotidien des Guelmis. Pourtant la campagne de lutte contre l'informel, menée en grande pompe par l'Etat, ferme les yeux sur l'une des plus grosses verrues de la wilaya.